"A pink caterpillar with six anorexic children let me stay, But I had to keep moving through anteater town, After anteater town after anteater town after anteater town after anteater town…"
De jeunes musiciens anglais qui se sont fait une belle réputation scénique, qui ont un certain goût pour le mystérieux et qui jouent fort une musique rock ? Rien de nouveau sous le soleil. Un groupe de plus porté aux nus, un groupe mouchoir de ceux vite écoutés et vite oubliés ? Non, car le quatuor composé de Geordie Greep (chant / guitare), Matt Kwasniewski-Kelvin (chant / guitare), Cameron Picton (chant / basse) et Morgan Simpson (batterie) vaut (ou semble valoir on attendra un peu plus de musique pour se faire un avis définitif) plus qu’un simple buzz momentané.
D’abord parce qu’il y a une véritable maîtrise instrumentale (assez impressionnante aussi de cohésion alors qu’ils ont à peine vingt-un an), le batteur est très bon, et une maîtrise dans l’écriture. Alors oui les londoniens déploient force énergie, mélangent noise-rock, math, prog-rock, post punk (entre Public Image Ltd, Slint, Fugazi, Swans, Tortoise, Sonic Youth, King Crimson grosso modo) jouent avec l’intensité, les nuances, les plans harmoniques, le grain sonore mais ils le font avec une intelligence, un discernement qui manque souvent aux autres groupes.
Rien n’est gratuit, tout a un sens ou des sens, Black Midi aimant particulièrement multiplier et tronquer les pistes. Les morceaux sont complexes mais ne perdent rien en efficacité. C’est l’intelligence des grands que de faire des choses compliquées tout en faisant en sorte que cela soit efficace et que cela paraisse simple. Mais il y a des points de repères, la rythmique sert de fondations sur lesquels tournoient les guitares. Il y a une base d’improvisation ce qui donne à cette musique des côtés irréversibles mais basée sur des règles et des formats favorisant une certaine direction. C’est un fait. Quant à la voix diabolique du chanteur, c’est encore une autre histoire. Elle nous emmène ailleurs, clairement, avec ces airs de fin du monde. Il faut écouter "bmbmbm" où Greep personnifie un pervers souillant une femme simplement par ses yeux... et il en va de même pour les paroles souvent nébuleuses.
C’est tout sauf lisse, ce serait même plutôt souvent rugueux. Black Midi se montre capable de se retenir, de soutenir les tensions puis de déchainer la tempête mais ne le fait jamais gratuitement. Le déluge sonique devient intéressant dès lors qu’il n’est la résultante que de moments de fausses quiétudes.
Un disque qui sonne comme un coup de schlague… Unique et passionnant. Assurément l’un des albums rock de cette année.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
On fait le plein de découvertes cette semaine avec des tas de choses très différentes mais toujours passionnantes. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.