Seul en scène écrit et interprété par Jean-Marie Galey dans une mise en scène de Teresa Ovidio. Quel rapport existe-t-il entre le film "Rio Bravo" de Howard Hawks, les chansons "Et moi, Et moi, Et moi" et "The river of no return" interprétées par respectivement par Jacques Dutronc et Marilyn Monroe, "La Moldau" du compositeur tchèque Smetana, un poème de Louis Aragaon, la Fée Clochette et la Comédie française ?
Celui de scander le seul en scène du comédien Jean-Marie Galey qui relate son expérience, à la quarantaine, des trois petits tours à la Comédie française avant de s'en aller rudement congédié, et dévoile l'envers du décor de cette séculaire institution théâtrale.
Alors électron libre et libertaire du théâtre, encore nourri de la naïveté, ou de l'illusion de la grande famille du théâtre, il s'enorgueillit d'entrer dans le cénacle du Français, et découvre l'horrible panier de crabes qu'il épingle dans "Ma Comédie française".
Des crustacés d'autant plus féroces que ces comédiens établis et fonctionnarisés se rengorgeant de leur statut de sociétaire et leur petite notoriété éphémère, s'ils n'ont pas le pouvoir d'engager les pensionnaires, ont celui de ne pas les coopter pour son ascension vers le saint des saints, et veillent jalousement à leurs comptes d'apothicaires pour la répartition du gâteau.
De son cathartique et résilient roman éponyme relatant un éprouvant périple s'achevant au prétoire, Jean-Marie Galey a extrait des morceaux choisis pour concocter avec Teresa Ovidio, qui en assure la mise en scène, une jubilatoire partition satirique qu'il présente comme "une machine à décerveler où défile une galerie de personnages qui firent le sel de mon séjour".
Ainsi, dans un déco de bric-à-brac, son double nommé Ferdinand Questch, en référence à l'ingénu soldat Chveik de Jaroslav Hasek et au Pierrot godardien, s'en va-t-il à la découverte de cette horrifique maison dans laquelle sévissent des pantins dont les sobriquets, de Dom Miguel Emma Des Rillettes, Siméon Maîme et la Diesel, dissimulent à peine, sous forme de caricatures à la Daumier et de pantins de la commedia dell'arte, des comédiens connus en leur temps.
Avec des allures de farfadet virevoltant qui traverserait un méchant conte, Jean-Marie Galey dispense une prestation aussi roborative qu'émérite et réjouissante pour réviser l'aura qui plane sur le Palais Royal. |