"Tout ce qui est fugitif me fait voir des mondes
Pleins de jeux chatoyants et changeants" Constantin Balmont
Le pianiste belge Florian Noack va à contre-courant, préférant la discrétion et une certaine justesse de ton à la démonstration, préférant des pièces moins jouées à des œuvres du grand répertoire. Ses programmes de concert comportent par exemple des compositeurs comme Alkan, Medtner, Aubert, Dohnanyi ou Lyapunov.
Peut-être lui fallait-il s’attaquer sur disque à Prokofiev, compositeur fondamental dans son apprentissage de la musique, pour qu’il se révèle totalement, pour ne plus se cacher et pour faire éclater toute sa virtuosité. Il y a chez lui beaucoup de naturel dans le jeu et cela s’accorde totalement au compositeur Russe. Un jeu plein de brillance, de nuances, de finesse, d’authenticité et de passion.
Noack est comme un caméléon, aussi à son aise dans la violence, dans les tensions de la sixième sonate composée entre 1939 et 1940 et première des sonates dites "de guerre", miroir des angoisses et d’un fort patriotisme face à la guerre imminente et au futur stalinisme que dans "les émotions intimes", dans le lyrisme tendre et rêveur de cette sorte d’autoportrait musical montrant les différents aspects de la personnalité du compositeur des Visions fugitives, ou que dans les éruptions volcaniques, dans la virtuosité rythmique et les inventions thématiques des quatre études. Lyrisme et violence, tout se mêle sous les doigts du pianiste qui fait de ce disque, un disque monde... |