Voilà un petit bijou d’ouvrage que nous proposent les éditions de l’Observatoire avec la parution du premier roman de Whitney Scharer, une auteure diplômée en creative writing de l’université de Washington. Véritable phénomène littéraire aux États-Unis, L’âge de la lumière nous arrive enfin dans une version traduite par Sophie Bastide-Foltz.
Avec ce premier roman, l’auteure nous plonge dans le Paris de la fin des années vingt. Lee Miller, une jeune américaine débarque à Paris pour s’éloigner de sa famille et d'un douloureux passé. Mannequin, belle comme le jour, elle rêve pourtant de passer derrière l’objectif, animée d’une seule passion, d’une unique obsession : la photographie.
Presque par hasard, Lee attire l’attention de May Ray, illustre photographe gravitant dans le Montparnasse surréaliste de Dali et sa bande d’extravagants artistes. Mais pour Man Ray, Lee demeure la muse par excellence. Entêtée, la jeune femme réussit à le convaincre de lui donner sa chance. Elle deviendra l’assistante, l’élève puis l’amante du grand photographe.
Dans l’intimité de la chambre noire, leur art et, très vite, leurs corps se lient et s’unissent. Mais alors que Lee se révèle très vite être une artiste hors-pair, Man, jaloux maladif et génie égocentrique, ne peut bientôt plus supporter l’ascension de celle à qui il a tout appris.
Des cabarets du Paris bohème aux champs de bataille d’une Europe déchirée par la Seconde Guerre mondiale, de la découverte des techniques de photographie révolutionnaires à l’immortalisation de la libération des camps de concentration, Lee Miller s’impose comme une artiste absolue, une femme hors du commun.
La vie de Lee Miller, assez incroyable méritait bien qu'un écrivain lui offre un livre. C'est donc désormais chose faite, de la plus belle des manières, sous la forme d'un roman et non d'une biographie.
On apprend avec l'ouvrage beaucoup de choses sur l'ambiance du Paris des années 20 et 30. On y voit un Paris particulièrement créatif où gravitent de nombreux artistes dans différents domaines. Pour les novices dans le domaine de la photographie comme moi, l'ouvrage permet aussi de se familiariser avec l'évolution technique de cet art, particulièrement intéressant. Lee Miller sera involontairement responsable de la découverte d'un procédé de photographie, "la solarisation", procédé dont Man Ray va rapidement prendre la paternité.
La vie de cette artiste est véritablement un roman, pourrait-on dire, que l'on parle de celle aux côtés de Man Ray (pour le meilleur et pour le pire), qui est la trame principale de l'ouvrage mais aussi lorsqu'elle se dévoile tout au long du roman, dans des chapitres courts, pour la période après Man Ray. Lee Miller fut aussi photographe de guerre, couvrant le second conflit mondial, présente lors de la libération de deux camps de concentration.
L'âge de la lumière est donc un premier roman parfaitement maîtrisé, du début à la fin, symbolisé par la construction originale de l'ouvrage sur deux temporalités, celle des années 1920-1930 avec celle des années 40, se terminant par un épilogue d'une beauté saisissante. |