Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Un livre de martyrs américains
Joyce Carol Oates  (Editions Philippe Rey)  septembre 2019

Si vous nous suivez régulièrement sur notre site, vous n'êtes pas sans savoir l’admiration sans limites que je porte à Joyce Carol Oates qui est pour moi l’une des plus grandes auteures américaines de sa génération, celle qui continue d’inspirer, sans jamais être égalée, de nombreux auteurs.

Alors évidemment quand un de ses nouveaux livres sort, sachant que la dame est très prolifique, c’est pour moi toujours un événement, l’occasion d’en faire une recension pour Froggy’s Delight. Qu’elle nous propose un roman ou un recueil de nouvelles, ses écrits sont toujours un véritable ravissement pour les amoureux de la littérature.

Septembre 2019 ne déroge pas à la règle ! Son dernier ouvrage, Un livre de martyrs américains, publié chez son fidèle et chanceux éditeur Philippe Rey s’avère être un immense livre, peut-être le livre le plus important de l’auteure comme tient à le dire le journal The Washington Post. Son ouvrage, d’une rare puissance, s’empare d’une question qui déchire avec violence le peuple américain, l’avortement.

Le docteur Augustus Voorhees vient d'être assassiné. On est le 2 novembre 1999 et son bourreau, un certain Luther Dunphy est allé à sa rencontre dans le centre des femmes d'une petite ville de l'Ohio pour éliminer l'un des médecins avorteurs de l’hôpital. Luther se rend immédiatement à la police, se proclamant le "soldat de l'armée de Dieu" et se félicitant d'avoir tué celui qui tuent les bébés et les embryons humains.

Joyce Carol Oates dévoile alors l'engrenage qui a mené à cet acte meurtrier. Elle nous dévoile Luther Dunphy avant son acte meurtrier, un père rongé par la culpabilité de la perte de sa fille dans un accident et un mari démuni face à la dépression de son épouse. Pour ne pas sombrer, il se raccroche à son église, où il fait la rencontre décisive du professeur Wolhman, activiste anti-avortement. Très vite, il se sent lui aussi investi d'une mission divine, celle de défendre les enfants à naître, peu importe le prix à payer, y compris sa condamnation à mort.

Dans le virulent débat sur l'avortement, chaque camp est convaincu du bien-fondé de ses actions. Mené par des idéaux humanistes, Augustus Voorhes a consacré sa vie à la défense du droit des femmes à disposer de leur corps. Les morts des deux hommes laissent leurs familles en état de fragilité. En particulier leurs filles, Naomie Voorhees et Dawn Dunphy, obsédées par la mémoire de leurs pères.

Alors voilà c'est donc un ouvrage magistral que nous propose Joyce Carol Oates autour d'un sujet complexe qui divise encore aujourd'hui la société américaine. Ce sujet, l'auteure le traite dans ses moindres recoins au tour de 864 pages fabuleuses et passionnantes. Elle le traite avec une distance parfaite, et c'est bien là une des grandes forces du livre.

Joyce Carol Oates ne prend position à aucun moment. Elle rend compte d'une réalité trop complexe pour reposer sur des oppositions binaires et nous offre le portrait acéré d'une société ébranlée dans ses valeurs profondes. Nul manichéisme dans son ouvrage, l'auteure s’attelle à laisser s'exprimer tous les points de vue concernant l'avortement.

Ce que souhaite Joyce Carol Oates, c'est avant tout nous montrer les conséquences de ce meurtre sur les deux familles concernées, décrivant avec détails ce que ressentent les épouses et les enfants du bourreau et de la victime. Les deux hommes se retrouvent érigés en martyrs par leur communauté respective. Mais au final, les deux hommes ont la même fin, ils meurent tous les deux, l'un sous les balles de l'autre et l'autre, d'une injection mortelle dans un centre pénitencier, pratique dénoncée par le médecin assassiné. Joyce Carol Oates nous livre au passage quelques pages saisissantes sur l'insoutenable séance d'injection létale pratiquée par le personnel pénitentiaire.

Au final, ce sont les deux filles, adolescentes au moment des faits qui vont connaître un douloureux chemin. L’assassinat du médecin sera un véritable coup de tonnerre pour les familles avec des répliques profondes sur les enfants. Joyce Carol Oates nous livre alors les portraits touchants de ces deux jeunes femmes pour qui rien n'est facile que l'on soit la fille du cinglé ou celle de l'avorteur. On y voit des jeunes filles sensibles et perdues qui se cherchent un avenir sans leur père décédé mais aussi sans leur mère, l'une tombée dans la dépression, l'autre plongeant dans la religion et devenant une militante anti-avortement comme son mari.

La fille de Dunphy trouvera sa voie dans la boxe, un noble art que Joyce Carol Oates connaît parfaitement puisqu'elle a fréquenté à de nombreuses reprises des galas de boxe avec son père. Les pages dans lesquelles elle décrit les matchs de boxe sont superbes, tout comme la fin de l'ouvrage qui clôture en beauté ce livre fascinant.

Roman sur un sujet totalement maîtrisé, un livre de martyrs américains nous prouve une fois encore que Joyce Carol Oates s'avère être une magnifique observatrice de la société américaine, encore plus lorsqu'il s'agit de s’intéresser à ses travers. On sort totalement abasourdi de cette ouvrage à la puissance rare, servi par une narration époustouflante, avec le sentiment d'avoir lu un chef-d’œuvre.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :
La chronique de "Le mystérieux Mr Kidder" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Le musée du Dr Moses" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Mudwoman" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Maudits" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Premier amour" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Carthage" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Sacrifice" et de "Dahlia noir & Rose blanche" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Valet de pique" de Joyce Carol Oates
La chronique de "La fille du fossoyeur" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Paysage perdu" de Joyce Carol Oates

En savoir plus :
Le Facebook de Joyce Carol Oates


Jean-Louis Zuccolini         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
# 19 janvier 2020 : de De Gaulle à Rocard

Cette semaine encore beaucoup de choses à découvrir. D'un portrait de de Gaulle côté livre à l'affrontement Mitterand - Rocard au théâtre en passant par de la musique pop, classique et bien plus encore. En route pour le sommaire.

Du côté de la musique :

"Late night music" de Abel Orion
"Jaimalé" de Andriamad
"Everything else has gone wrong" de Bombay Bicycle Club
"Fire" de Burkingyouth
"Délie (Object de plus haute vertu d'après l'oeuvre de Maurice Scève)" de Emmanuel Tugny
"Dolci Affeti" de Ensemble Consonance & François Bazola
"Music is our mistress" de Grand Impérial Orchestra
"Vinyle, suite no 2" de Listen in Bed, émission numéro 8 à écouter
"Who are the girls ?" de Nova Twins
"When Oki meets Doki" de Okidoki
et toujours :
"Nougaro" de Babx, Thomas de Pourquery et André Minvielle
"True colors" de David Bressat
"Splid" de Kvelertak
"Bach, Handel : An imaginary meeting" de Lina Tur Bonet & Dani Espasa
"My favourite things", le podcast de Listen In Bed #8
"Turn bizarre" de Livingstone
"Le musc" de Petosaure
"En voyages" de Pierre Vassiliu
"Shadow in the dark" de Tiger & the Homertons
"Caipirinha" de Tiste Cool

Au théâtre :

les nouveautés avec :
"Una costilla sobre la mesa" au Théâtre de la Colline avec "Padre" et "Madre"
"L'Opposition - Mitterrand vs Rocard" au Théâtre de l'Atelier
"La Sextape de Darwin" au Théâtre La Bruyère
"hélas" au Théâtre de la Tempête
"Une histoire d'amour" à La Scala
"Le K" au Théâtre Rive-Gauche
"An Iliad" au Théâtre du Rond-Point
"Elephant Man" au Théâtre Le Lucernaire
les reprises :
"Architecture" au Théâtre Les Gémeaux à Sceaux
"En couple (situation provisoire)" à La Folie Théâtre
"Les vagues, les amours, c’est pareil" au Centrequatre
"La Vie est belle" au Théâtre Le Lucernaire
"Philippe Meyer - Ma radio heureuse" au Théâtre Le Lucernaire
"Opérapiécé" au Théâtre Essaion
"Julien Cottereu - aaAhh BiBi" au Théâtre Tristan Bernard
"Marion Mezadorian - Pépites" au Pont Virgule
et la chronique des autres spectacles à l'affiche

Expositions avec :

la dernière ligne droite pour :
"Mondrian figuratif au Musée Marmottan-Monet
"Vincenzo Gemito - Le sculpteur de l'âme vénitienne" au Petit Palais
"Toulouse-Lautrec résolument moderne"au Grand Palais

Cinéma avec :

"Le Réseau Shelburn" de Nicolas Guillou
Oldies but Goodies avec "Les Bostoniennes" de James Ivory dans le cadre de la rétrospective que la Cinémathtèque française consacre au réalisateur
et la chronique des sorties de janvier

Lecture avec :

"De Gaulle, portrait d'un soldat en politique" de Jean Paul Cointet
"Et toujours les forêts" de Sandrine Collette
"Lake Success" de Gary Shteyngart
"Nul si découvert" de Valérian Guillaume
"Sauf que c'étaient des enfants" de Gabrielle Tuloup
"Sugar run" de Mesha Maren
"Victime 55" de James Delargy
et toujours :
"Celle qui pleurait sous l'eau" de Niko Tackian
"Je suis le fleuve" de T.E. Grau
"La prière des oiseaux" de Chigozie Obioma
"Sang chaud" de Kim Un Su
"Un millionaire à Lisbonne" de J.R. Dos Santos

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

Les 4 derniers journaux
- 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
- 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
- 07 avril 2024 :Un marathon de nouveautés !
- 01 avril 2024 : Mieux vaut en rire !
           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=