Comédie dramatqiue de Annick Le Goff, mise en scène de Anouche Setbon, avec Catherine Arditi et Pierre Forest. Selon l'adage "derrière chaque grand homme, se cache une femme" et tel est le cas pour l'écrivain et journaliste Emile Zola avec sa figure de l'ombre, Alexandrine Meley, sa compagne qui faisait bouillir la marmite à l'époque des vaches maigres.
Une maîtresse femme qui après avoir obtenu, de haute lutte, le mariage après un "long collage", se faisait appeler Alexandrine Emile Zola, dont le parcours d'enfant du ventre de Paris, très tôt orpheline, qui avait bien "roulé sa bosse" de grisette à modèle en femme libre du 19ème siècle, a intéressé Annick Le Goff à la suite de la publication de la biographie rédigée par Evelyne Bloch-Dano sous le titre "Madame Zola".
Pour présenter un biopic théâtralisé ressortant davantage à l'évocation et éviter tant l'aspect statique du monologue que celui artificiel de la reconstitution, Annick Le Goff a opté pour une partition fictionnelle mettant en présence Madame Zola, veuve éprouvée par le transfert au Panthéon de la dépouille de son mari six années après ses funérailles, et des difficultés respiratoires, et son pharmacien Monsieur Fleury.
Toutefois, un pharmacien peu ordinaire car apothicaire adepte des médecines naturelles avec des potions improbables de sa composition et, surtout, enthousiasmé par le développement des sciences psychiques qui va s'ériger en psychanalyse amateur en mettant la dame sur le divan.
La situation s'avère cocasse avec une confrontation sans animosité entre la matrone volubile qui n'a pas sa langue dans la poche et use d'un franc parler qui n'appelle ni accepte ni la contradiction ni même la réplique sinon un assentiment et un matois placide.
Et la partition que son auteure qualifie à juste titre de "pas de deux" est soutenue par des dialogues enlevés sans verbiage inutile qui font mouche pour tracer, à l'aune d'une sélection d'événements significatifs, le portrait d'une femme devenue "gardienne du temple" aux traits de caractère affirmés.
Dans un décor esquissé de cabinet de travail avec méridienne conçu par Oria Puppo valorisé par les lumières de Laurent Béal, Anouche Sitbon assure une mise en scène rigoureuse et sans esbrouffe avec la collaboration de Juliette Chanaud pour les costumes et les inserts musicaux de Michel Winogradoff.
Avec discernement, Pierre Forest ne verse pas dans la caricature camper son personnage d'apprenti accoucheur des âmes tout en évitant le numéro d'acteur pour laisser la part belle à sa partenaire.
Catherine Arditi, magistrale de maîtrise de son art, magistrale de maîtrise de son art, trouve dans cet opus un rôle sur mesure - et à sa mesure - lui offrant une belle amplitude de jeu de la gouaille à l'émotion. |