Spectacle de théâtre musical conçu et interprété par Jeanne Plante, accompagnée par les musiciens Philippe Desbois, Jacques Tellitocci et Jérémie Pontier, dans une mise en scène de Patrice Thibaud.
La saison dernière, on avait découvert Maria Dolorès qui redonnait un coup de jeune à la chanson fantaisiste, genre méprisé et sous-estimé qui a pourtant été porté jadis par des Marie Bizet ou des Odette Laure. Aujourd'hui, c'est au tour de Jeanne Plante de renouveler le genre. Comme Maria Dolorès, elle n'hésite pas à venir sur scène avec des perruques roses ou rouges, à montrer ses formes plantureuses, à jouer les aguicheuses auprès de ses musiciens, qui ont tous les trois leur rôle à jouer dans ce spectacle totalement hilarant. D'emblée, il y a pléonasme : Jeanne Plante est une belle plante. Mais pas que... Durant son tour de chant, qui n'est pas qu'un tour de chant, elle saura se transformer et redevenir une femme en noire presque timide dans sa beauté toute simple... Mais c'est une longue et courte histoire à la fois d'une heure vingt pendant laquelle elle tient en haleine un public déjà acquis pour ceux qui la revoient et en formation rapide pour être eux aussi sous son charme irrésistible pour ceux qui la voient pour la première fois. Avec Jeanne Plante, la première fois n'est visiblement pas la dernière et, si elle n'aligne pas des tubes, elle exploite un répertoire où les mauvaises chansons n'ont pas droit de cité. Il y a évidemment celles que l'on retient dès les premiers mots, comme "Chafouin" ou "Je Jouis". il y a aussi celles que l'on écoute et que l'on aimera réécouter pour tout en saisir. Il y a également les saugrenus, comme "Cocuages et crustacés", détournement malicieux de la chanson de BB par Vincent Rocca.
Il y a même les reprises, comme cette belle version d' "Un homme", sublime idiotie qu'on pouvait entendre dans "Le rosier de Mme Husson" de Jean Boyer chantée par Fernandel et Germaine Duclos.
Car, à l'instar de Juliette, Jeanne Plante connaît sur le bout de ses jolis doigts toute la chanson française qui mérite le détour... On n'aurait pas besoin de beaucoup la défier pour qu'elle réveille à la vie la grande Pauline Carton quand elle se réfugiait "Sous les palétuviers". Pour l'heure, à la guitare ou au ukulélé, elle aligne ses propres compositions ou laisse à ses trois gaillards leur petit moment de gloire. On entendra ainsi son percussionniste (et roi des casseroles), Jacques Tellitocci, avouer qu'il n'est pas italien.
On s'amusera quand Jérémie Pontier, aux claviers, imitera - entre autres - Ray Charles et Stevie Wonder. Quant à Philippe Desbois, violoncelliste et guitariste émérite, et chouchou de Jeanne, il n'aura aucun mal à séduire le public de sa virtuosité modeste et indispensable pour que les chansons touchent tous les cœurs.
Mis en scène par Pascal Thibaud, "Jeanne Plante est chafouin" est un spectacle musical élégant et réussi qui a le parfum de ces plats succulents dont aimerait bien pouvoir se resservir même si la part était copieuse.
Oui, vraiment, Jeanne Plante est de celle qui réconcilie les sens des gourmets et des gourmands
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