Avec "Balzac & Grandville - Une fantaisie mordante", la Maison de Balzac propose au public une mise en résonance entre le romancier Honoré de Balzac et le dessinateur Grandville articulée sur une identité d'approche de la nature humaine.
Yves Gagneux, conservateur du Patrimoine et directeur de la Maison Balzac, qui assure le commissariat de l'exposition, a composé un florilège riche d'une cinquantaine d'oeuvres, dessins, gravures et affiches dont certaines inédites.
Celles-ci sont déployées en trois sections chronologiques relatant la carrière de Grandville qui après la promulgation de la loi édictant la censure abandonne le dessin de presse et la satire politique au profit de l'illustration.
Balzac et Grandville, même combat
En 1830, alors dans sa période journalistique, Balzac, qui n'a pas encore entamé l'écriture de son grand oeuvre la Comédie humaine basée sur la charge caricaturale et la "comparaison entre l'Humanité et l'Animalité" tel qu'il l'exprimera dans l'avant-propos de la première édition, rencontre le dessinateur satirique Jean Ignace Isidore Gérard dit Grandville.
Celui-ci jouit déjà d'une belle notoriété avec ses charges satiriques placées sous le genre de l'allégorie et de la caricature animalière et sans doute Balzac trouve-t-il en sa personne un homologue sur le plan graphique de l'anthropomorphisme.
Il a notamment publié sous le titre "Les Métamorphoses du jour" une série de 70 scènes dans lesquelles des personnages humains sont représentés avec une tête d'animal.
Le visiteur pourra apprécier le style de Grandville qui emprunte les formes de l'iconographie médiévale et maniériste avec ses chimères résultant de l'hybridation entre l'humain, l'animal et le végétal qui se trouve être en symbiose avec une pseudo-science qui resurgit au 19ème siècle, la physiognomonie, postulant l’analogie entre les traits du visage et la complexion et sa personnalité..
Grandville publie également ses dessins dans les journaux satiriques, ressortant à la presse qualifiée de "petite presse illustrée", alors en plein essor auprès de laquelle collabore Balzac qui va en assortir certains d'élogieux commentaires.
Après le rétablissement de la censure, Grandville se consacre à l'illustration à titre personnel, avec des recueils de lithographies dont "Les Cent Proverbes" et "Les Fleurs animées", et dans le registre de l'illustration littéraire des "Fables" de La Fontaine aux grands romans tels "Don Quichotte" de Cervantes et "Robinson Crusoé" de Daniel Defoe.
Et, il participe à l’illustration d'un ouvrage de typologie sociale intitulée Les Français peints par eux-mêmes et d'un recueil d'articles, de nouvelles et de contes satiriques publiés sous le titre "Les Scènes de la vie privée et publique des animaux" avec la collaboration d'écrivains célèbres du temps dont...Honoré de Balzac. |