Depuis ses débuts, on sait que ce sont chez les compositeurs germaniques (Mozart, Schubert) et les grands romantiques, et bien qu’il soit un défenseur d’une certaine musique Française, Debussy, Fauré, Frank et Ravel, que le pianiste Français se montre le plus à son aise et le plus convaincant. Son professeur Vlado Perlmemuter n’y étant pas pour rien, autant pour les Français que pour les germanistes.
Ce programme autour de sonates (n°8 pathétique, n°12 funèbre, N°14 clair de lune, n°23 appassionata, n°32) de Beethoven lui va comme un gant. Un programme pas simple, très ambitieux, peut-être un peu convenu aussi, un défi que le pianiste s’est donné (peut-être à cause de son changement de maison de disque) mais qu’il relève assez brillamment.
On retrouve chez lui cette vision orchestrale du piano, ce sens du touché et du phrasé, ce refus de l’étalage facile et vain, cette façon de se projeter autant dans les lumières que dans les ombres.
Virtuosité, sensibilité, une certaine maturité et une force expressive que l’on entend dans la sonate "Au clair de lune" avec ce martèlement inexorable, cette mise en lumière du chant et dans la violence comme une déferlante, ne laissant aucun répis à la musique du Presto agitato. La "Sonate n°23", entre passions et tourments se transforme en un tourbillon rythmique et harmonique où le pianiste semble rebondir de phrases en phrases construisant des ponts entre chacune d’entre-elles montrant de cette façon la circularité qui construit l’œuvre. Dalberto joue avec les tensions excluant toute facilité et montre son sens des phrasés et d’alternance des climats. Il refuse toute résignation dans la sonate "Pathétique" et montre beaucoup de spiritualité dans la "Sonate n°12". Un très beau disque. |