Spectacle musical conçu et interprété par Pascal Amoyel dans une mise en scène de Christian Fromont.
Comme il le dit, avant même de se mettre à son piano, Pascal Amoyel n'aime pas les solistes qui jouent de la musique parce qu?ils savent jouer, parce qu'ils ne savent que jouer de la musique.
Qu'il soit virtuose ou exécutant quelconque, celui qui résume sa vie à l'horizon d'un clavier aux touches blanches et noires doit avoir, en plus du feu sacré, une haute idée de la musique. Elle doit encore et toujours, qu'il soit à ses premiers concerts ou en train de livrer ses dernières prestations, élever son âme et ses sens...
Et l'exercice que propose Pascal Amoyel dans "Looking for Beethoven" renvoie à des termes philosophiques et pourquoi pas ésotériques : la musique et la parole vont se relayer dans un but commun, rendre grâce à Beethoven, à sa souffrance d'immense créateur, pour que le pianiste, le musicien et le public - nouvelle trinité métaphysique - communient ensemble.
En racontant la vie de Ludwig von Beethoven et en la jouant doublement, Pascal Amoyel donne sens à ses ?uvres, les transfigurent. On ne sera pas pendant 90 minutes dans un concert seulement à l'écoute d'un instrumentiste face à son instrument, interprétant avec beaucoup de sensibilité le "Clair de lune" ou le "Hammerklavier".
Non, si l'alchimie fonctionne ici parfaitement, c'est que Pascal Amoyel permet de comprendre ce que Beethoven a voulu donner aux autres, à ceux qui lui feraient l'offrande de bien l'écouter pour le remercier d'avoir tant sacrifié d'énergie vitale pour que de la beauté gagne en humanité ce qu'elle perd en divinité.
Alors quand retentiront leurs applaudissements, ce ne seront pas des gestes de politesse mécanique mais une juste explosion d'amour pour le duo musicien-compositeur.
Si Pascal Amoyel réussit merveilleusement cette synthèse, c'est qu'il sait aussi bien toucher les c?urs que les touches de son clavier. Après l'avoir entendu, on ne considèrera plus jamais Beethoven comme un classique usé à force d'être trop joué.
On se souviendra, au contraire, qu'il a été un romantique fiévreux, quelqu'un qui a domestiqué l'orage et la tempête qui bouillonnaient en lui pour composer une musique à jamais moderne et d'une beauté incontestablement indémodable. Tout cela parce qu'il aimait les hommes, même si, hélas, peu d'entre eux de son vivant, surent lui rendre cet amour. |