Maharajah rime avec palais et renvoie à la magnificence de l'architecture moghole et à l'exubérance des arts décoratifs qui ont présidé à l'édification des somptueuses demeures dont celles notoires du Rajahstan.
En 1930, est érigé en Inde la première et l'unique construction moderniste, le Palais Manik Bagh sur commande de Yeshwant Rao Holkar, le maharajah d'Indore, que le Musée des Arts Décoratifs propose de découvrir avec l'exposition "Moderne Maharajah, un mécène des années 1930".
La monstration conçue sous le commissariat général de Olivier Gabet, directeur général adjoint du MAD, et les historiennes des arts décoratifs y attachées, Raphaèle Billé et Louise Curtis, historiennes des arts décoratifs, présente plus de cinq centaines d'objets, meubles et tableaux réunis pour la première fois. Elles se déploient dans les galeries latérales et la Grande Nef dans une scénographie du Studio BGC - Giovanna Comana et Iva Berton Gajsak qui use des photographies d'archives pour reconstituer de manière significative les pièces principales de vie avec leur ameublement d'origine.
Modern Maharajah, un prince indien chantre de l'esthétisme moderniste
Le jeune Maharajah d'Indore, qui, comme nombre de descendants des grandes dynasties indiennes, a fait ses classes en Angleterre, et son épouse sont des figures du Tout Paris mondain des Années Folles et de l'élite de la jet set internationale.
Entre tradition et modernité, ils revêtent aussi bien le costume indien traditionnel pour rappeler leur qualité princière et leur origine ancestrale que la tenue de soirée occidentale pour les portraits réalisés par le peintre mondain Bernard Boutet de Monvel.
Et ils posent sous l'objectif de Man Ray, photographe en vogue, maître du noir et blanc et de la solarisation, qui sublime leur beauté juvénile pour s'inscrire résolument dans la modernité, tel le cliché reproduit sur l'affiche de l'exposition.
Le couple entreprend la réalisation de ce que les commissaires qualifient d'"oeuvre d'art totale" et qui renvoie certainement à la volonté de laisser une trace comme esthète et mécène dans le monde de l'art occidental.
Ce sera un palais à son image dont la réalisation est confiée à Eckhart Muthesius, un jeune architecte allemand rencontré à Oxford, pour l'ameublement duquel il convie les plus grands noms du style Art déco.
Eckhart Muthesius, qui n'est pas Robert Mallet-Stevens et n'a pas son expérience, conçoit un bâtiment massif dépourvu de grâce et révèle des qualités de designer avec la création de pièces de mobilier inventives tels le fauteuil à éclairage latéral, la lampe de parquet et la coiffeuse mobile électrifiée pou rla chambre de la maharani.
Il s'avère surtout un bon ensemblier pour assurer l'architecture d'intérieur en combinant les commandes et acquisitions diverses du maharajah pour illustrer "la quintessence de la beauté, de l'élégance et de la perfection".
Ainsi se déroule, du cabinet de travail au salon de musique en passant par les chambres des propriétaires, une immersion dans les avant-gardes de cette époque.
Elle est scandée par les créations souvent iconiques et parfois en exemplaire unique signées par Eileen Gray, les concepteurs de mobilier en métal Louis Sognot et Charlotte Alix, Ivan Da Silva Bruhns qui renouvelle l'art du tapis à l'aune de déclnaisons cubistes monochromes, Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand avec sa chaise longue basculante customisée peau de tigre et le décorateur Jacques-Émile Ruhlmann surnommé "le Riesener de l’Art déco".
Le visiteur pourra également apprécier celles de l'orfèvre Jean Puyforcat qui a également dessiné le monogramme princier. Pour rêver...
|