Voilà sûrement l’une des très belles surprises de cette rentrée littéraire. Si vous aimez la littérature dans ce qu’elle a de plus beau, alors vous ne devez pas passer à côté de cette petite merveille qu’est le dernier roman de Diana Evans qui a pour titre celui dune chanson du compositeur soul américain John Legend, Ordinary people. Ce sont les éditions Globe qui ont eu la bonne idée de publier ce magnifique ouvrage, qui sort de leur habitude puisqu’ils sont plutôt spécialisés dans la publication de livre de non fiction, toujours de grande qualité comme c’est le cas pour La note américaine, un autre ouvrage que je vous recommande vivement.
Ordinary people est un ouvrage qui nous raconte durant quinze ans la vie deux couples, Michael et Melissa d’un côté et Stéphanie et Damian de l’autre. L’histoire se passe à Londres, dans une ville amoureusement parcourue et habitée, de l’élection de Barack Obama à la mort de Michael Jackson. Les deux couples que l’on suit se débattre avec leur histoire, le travail, la quarantaine, les illusions perdues et leur statut d’émigrés de la deuxième génération devenus parents à leur tour. Ils ont cru à l’intégration, voilà qu’ils se désintègrent.
Des gens ordinaires, des scènes de la vie conjugale autour de deux couples de londoniens quadragénaires qui vivent ensemble depuis une quinzaine d'années, voilà la trame de fond de cette ouvrage qui n'a d'ordinaire que son titre.
Il y a Melissa et Michael, enfants d'immigrés, qui viennent de s'installer dans le sud de la capitale anglaise, dans un quartier populaire. Damian et Stéphanie, eux, vivent avec leurs enfants dans une maison coquette à 30 kilomètres de Londres. Point commun de ces deux couples, une souffrance entre les deux conjoints à cause d'un élément du couple qui traverse une crise : Damien d'un côté et Melissa de l'autre. La crise de ces deux couples est ausculté avec intelligence par Diana Evans sous l'ornière l'ornière de petits moments ordinaires de la vie d'un couple, des petits lieux communs de la vie conjugale en mêlant gravité et légèreté avec brio.
Diana Evans nous dévoile des moments tristes de la vie d'un couple avec aussi de nombreux passages particulièrement rigolos. Elle nous montre la routine qui s'installe dans un couple, un quotidien passé à s'occuper des enfants et des taches domestiques pour Melissa qui rumine sa souffrance, s'enferme, ne trouvant plus grand chose à dire à son mari.
Sans aucune prétention et sous la forme d'un superbe roman, Diana Evans nous propose un ouvrage complet qui nous raconte au final beaucoup de choses sur de nombreux thèmes. On apprend à découvrir Londres tout d'abord, loin des guides touristiques et ce que l'on en connaît. Diana Evans évoque notamment le phénomène de gentrification qui touche le sud de la capitale anglaise.
On apprend aussi beaucoup de choses sur la classe moyenne, sur la vie de couple, sur les conséquences de l'arrivée d'un enfant dans un couple et sur l'intégration des populations noires en Europe et en Angleterre.
Tout cela est analysé avec finesse et intelligence et c'est bien là la grande qualité de l'ouvrage que de partir de l'évolution de ces deux couples pour nous dresser une analyse sociologique de notre époque.
Avec ce superbe Ordinary People, Diana Evans réussit avec virtuosité à poser des mots et des maux sur ce que l'on peut trouver de plus banal avec la désintégration d'un couple avec le temps. Avec précision, elle dissèque le ressenti des différents acteurs du couple ainsi que les sentiments qui les habitent. Tout est juste et réaliste dans ses propos, avec en plus une grande dose d'émotions qui fait que l'on ne ressort pas totalement indemne de cette lecture. |