Comédie de Paul Fuks, mise en scène de William Gotesman, avec Florence Gotesman, Eytan Ctrynowicz, Julien Masson, Baptiste Philippe, Chloé Riols, Patricia Lemeunier, André Harrar et Montaine Fregeai.

Le psychanlyste Paul Fuks a décroché le jackpot avec son unique incursion théâtrale résultant de la transposition scénique d'un opus satirique du journaliste et romancier Dan Greenburg paru au début des années soixante.

En effet, la comédie "Comment devenir une mère juive en dix leçons" qui brocarde un des tropismes de l'humour juif et une éducation génératrice de névroses qui mène sur le divan du psychanalyste, connaît un succès intemporel et a allègrement franchi le cap du troisième millénaire.

William Gotesman met en scène cette comédie en tableaux "dans son jus", celui du contexte temporel et générationnel avec un décor de cuisine formica, dans lesquels se déploient les fameuses et jubilatoires leçons recensées par Daniel (Julien Masson) qui bien que devenu adulte est encore "poursuivi" par sa "mame".

Campée par Florence Gotesman avec un naturel désarmant, cette mère juive à l'accent yiddish n'admet ni la contradiction ni même la réplique et ce n'est pas son mari papa bonne pâte et mutique (Eytan Ctrynowicz excellent dans la dramaturgie gestuelle) mais qui n'en pense pas moins qui s'y risquera.

Les enfants, la fille rebelle (Chloé Riols) et le fils résigné (Baptiste Philippe), objet de toutes les attentions possessives, invasives et infantilisantes, doivent faire face à sa déploration continue et à son rituel de culpabilisation qui peuvent virer à l'hystérie.

Quant aux tiers, amis (Patrica Lemeunier et André Harrar), petite amie (Montaine Fregeai) et personnel médical (André Harrar), ils ne s'aventurent pas à contrarier ce moulin à paroles.

Et, sous la direction sans esbroufe de William Gotesman, la petite troupe officie avec conviction dans le registre tragi-comique d'un naturalisme "bon enfant".