Seul en scène clownesque d'après un texte de Marc Favreau interprété par Eric de Dadelsen dans une mise en scène de Maurice Casagranda.
Dans les années 1970-80, Marc Favreau promenait son clown-clochard nommé "Sol" à travers toute la francophonie.
Ce Québécois à l'accent chantant du "beau pays" était un peu le Raymond Devos d'Outre-Atlantique. Poète et joueur de mots, il avait l'art des trouvailles langagières et des expressions qui, partant d'un calembour, atteignaient des dimensions quasi-surréalistes.
C'est donc une très belle idée qu'a eu le comédien breton Eric De Dadelsen de vouloir reprendre des textes de Sol, en les modernisant tout de même un petit peu, sous le titre "Le Tourneseul". Comme son modèle, il arrive sur scène maquillé en Auguste et habillé en clochard. Pour accentuer encore sa condition de crève-la-faim, il a pour bagage une grosse poubelle, celle que Sol appelait sa "Peubelle", qui contient quelques accessoires, par exemple une scie musicale, bien utile si on veut jouer de la scie musicale. A l'écoute, la voix d'Eric De Dadelsen est certainement plus facile à comprendre pour des oreilles françaises que celle de Sol. C'est alors toute une époque qui renaît, celle aussi des clowns Bario où le plus âgé aimait également mélanger les mots, les confondre et les déformer. Si l'on a déjà pratiqué cet humour, on ne sera pas totalement dépaysé. En revanche, il est à craindre que les nouveaux venus soient plus déconcertés car il faut une certaine agilité mentale pour tout saisir. On leur recommandera un petit stage pré-spectacle sur youtube pour voir l'un des sketches de Marc Favreau. Ils seront alors tout à fait prêts pour découvrir Eric De Dadelsen et pour apprécier à sa juste valeur l'heure qu'il propose modestement en "Sol mineur". Tirés du livre de Sol, "Rien d'étonnant avec Sol !" , tous les petits textes interprétés par Eric De Dadelsen s'enchaînent sans accroc dans la mise en scène fluide de Maurice Castagranda. A l'heure du "stand-up" mécanique aux plaisanteries formatées, ce spectacle artisanal et plein d'humanité en surprendra plus d'un par son originalité jamais forcée. |