Imago
(Bloody Mary Music and Records) novembre 2019
Si en psychanalyse l’imago symbolise l’archétype de personnages qui vont influencer de façon inconsciente le rapport d'un individu à un autre, en biologie, le terme d'imagodésigne le stade final d'un individu dont le développement se déroule en plusieurs phases en général œuf, larve, imago. C’est la forme définitive d’un insecte, à la fin de ses métamorphoses.
Après avoir joué dans Toxic Kiss, The Spangles ou Lova Mi Amor et trois albums en solo (Détails en 2012, Vaudémont en 2014 et Ni pluies ni riens en 2016), Manuel Etienne aurait-il atteint une certaine plénitude esthétique ? A l’écoute de ce disque, il semblerait bien que oui.
Ce disque est bien plus qu’un simple condensé de ce qu’est capable de faire le Nancéen, on y trouve un musicien peut-être plus libre, en tout cas se donnant plus de liberté.
Chanté en anglais ou français, tendu, sec, mélodique, tout en nuances, Imago est porté par une énergie sincère et une très belle écriture. On pense à Dominique A, aux Pixies ou au Gun Club. Mais circonscrire l’univers de ce disque à ces autres musiciens serait absolument réducteur. Si le disque part dans de nombreuses directions (esthétiques et dans la construction même des morceaux), l’écriture, Manuel Etienne maîtrise son précis de pop rock indé, la force mélodique permettent de garder le cap et de rendre ce disque captivant ("Each time I fall", "Trembler", "Agnès Varda", "Une île entière", "Feutre bleu").
Et puis il ne faut pas oublier, parce que ce disque est aussi le fruit d’un travail collectif : Juliette Barrier à la basse et aux chœurs, Tom Rocton à la guitare et aux claviers et David L’huillier à la batterie.
En cette fin de période de galettes à tout va, on vous parle surtout de celles en vinyles avec de la bonne musique dessus mais pas que : théâtre, littérature, cinéma, expos sont aussi au programme. C'est parti.