Pour nous autres Français, la musique suisse commence et s'arrête souvent avec Stephan Eicher, qui est un peu l'arbre qui cache la forêt musicale dans la Confédération Helvétique. Ceux qui sont un peu plus informés citeront quelques noms de jeunes femmes qui chantent en anglais comme Sophie Hunger, Anna Aaron, Emilie Zoé... ou The Young Gods. Cependant, la chanson francophone a du mal à franchir les Alpes. Il y a eu le duo Aliose, ou LiA mais qui, par chez nous, a entendu parler de Muddy Monk, Pierre Lautomne ou La Gale ? La scène Suisse est pourtant riche de jeunes groupes talentueux, ouverts, souvent à la croisée de différents styles.
Ludiane Pivoine, diplômée du conservatoire de Genève, a sorti un premier EP Fééries en 2009, suivi d'un album Maraboute-moi en 2011. Vous l'avez peut-être entendu à cette époque si vous avez voyagé avec Swissair. Elle a ensuite participé aux rencontres professionnelles d'Astaffort en 2012, et sorti un second album Chut... en 2015. En 2017, elle sort un single "Je fonds" avec une production plus electro-pop qui marque un tournant dans son écriture.
Son nouveau EP Femme idéale vient de paraître. On espère que c'est avec ce disque qu'elle réussira à enfin atteindre les ondes françaises. Le titre-phare "Femme idéale" s'impose en proposant des portraits de femmes libres et diverses. À l'heure de #Metoo, Ludiane Pivoine propose et s'impose bien plus qu'elle ne dénonce. Soutenu par une rythmique tendue, en accord avec le propos, "Femme idéale" accroche instantanément l'auditeur.
Trois autres titres de cet EP permettent à Ludiane Pivoine de poursuivre sa route, soit dans la pop légère avec "Elle" et "Parenthèse", soit en allant lorgner vers des arrangements classiques avec "Battements" qui ouvre ce mini-album. On s'attardera néanmoins plus longtemps sur le titre "Respire" qui clôture l'album, une plainte oppressive synthétique qui semble maintenir l'auditeur la tête sous l'eau et dont on ressort en suffocant.