Ah, l’esperanto, le langage universel éradiquant les diphtongues et les irrégularités… Brisons nos chaînes linguistiques, découpons nos exceptions, clouons au pilori nos déclinaisons… Certains en rêvent, d’autres le font. Malsamaj veut dire "différence" en esperanto, c’est Geysir qui en parle le mieux. De la différence.

Marie et Lionel forment ce duo bâtisseur de pont entre les mondes, sur cet album préparé dans le cocon de leur foyer. Une large part est laissée à l’instrumental, de longues plages oscillent dans le flow des synthétiseurs liquides. Chaque morceau est une strate dans la connaissance de l’autre. Des voix s’invitent, spectrales, faisant écho aux allitérations phoniques des percussions.

Les mélodies frôlent le céleste à chaque instant et exacerbent les émotions. Ce sont les sens envoûtés que la suite de l’album file comme un parcours de vie, marqué par les rencontres et les palpitations, strié d’incompréhensions et de départs.

En toute humilité, Geysir porte foi en l’avenir de l’humanité, l’espoir, simplement et l’optimisme chaleureux. Loin d’un pacte avec des forces alternatives, le couple d’artistes offre son regard sur le monde, à la fois doux et sensible, empreint d’émotions bienveillantes et de voluptés consenties.

Parce qu’après tout, l’infini est à portée de main, il n’a d’ailleurs jamais cessé de l’être, dans les baisers qu’on offre, dans les regards qui s’éternisent, dans les promesses qu’on tente. Un moment sensible, un album solaire, les orteils offerts à la quiétude d’une flambée automnale.