Comédie dramatique de Marie de Beaumont, mise en voix par Sarah Tick, avec Pierre-Marie Baudoin, Jean-Claude Bonnifait et Emmanuelle Ramu. Avec "Juste ça", partition ressortant davantage à la fiction radiophonique qu'à l'opus dramatique, la dramaturge Marie de Beaumont, pour laquelle "raconter une histoire n'est pas une fin en soi" et dont "la problématique de la fiction est au centre de son travail", indique entreprendre le récit de "quelque chose".
Un quelque chose à entendre comme "peccadille" voire "malentendu", celui qui survient sur un parking désert et dont sont victimes deux personnes à la sortie d'un spectacle présenté dans un haut lieu culturel de l'urbanité périphérique.
Et à entendre dans tous les sens du terme s'agissant de voix, celles de représentants générationnels de la catégorie socio-professionnelle des seniors enseignants, lui professeur des collèges reconverti dans la formation de ses homologues, elle universitaire, qui chacune délivre le récit rétrospectif et subjectif d'un fait commun.
Sur fond de charge critique de la politique culturelle et des anciens établissements culturels implantés dans des banlieues dites "difficiles" transformés en chapelles élitistes, Marie de Beaumont brosse un délectable apologue - à chacun sa vérité ou comment se casser la cheville et imaginer une tentative de viol à cause d'une scénographie lumière composée de néons rose - instillé de suspense et d'humour satirique.
Constituant tant un rapport sur soi et leur relation, celle d'anciens étudiants qui, autour d'un goût commun pour le théâtre, lui en passionné, elle en amateure, se retrouvent régulièrement et uniquement pour voir un spectacle, que sur la perception de la réalité déformée par les préjugés et des croyances personnelles qui peut conduire au drame, ces soliloques se déploient en séquences alternées dans lesquelles s'immisce ponctuellement une troisième voix toujours interrompue.
Et Sarah Tick présente une mise en voix aboutie qui s'avère déjà une mise en scène "éclairée" avec pour officiants émérites Pierre-Marie Baudoin, l'homme de l'ombre, Jean-Claude Bonnifait.époustouflant et Emmanuelle Ramu. |