Réalisé par Hiroshi Okuyama. Japon. Drame. 1h16 (Sortie le 25 décembre 2019). Avec Yura Sato, Riki Okuma, Chad Mullane, Hinako Saeki et Kenichi Akiyama. Qu'on ne s'y trompe pas ! "Jésus" de Hiroshi Okuyama ne sort pas le jour de Noël parce que le tout jeune réalisateur japonais de 22 ans aurait tourné la énième biographie du Christ...
Non, ce Jésus, s'il est bien l'image du "vrai" ne va pas connaître un sort identique (qu'on laisse au spectateur le soin de découvrir lui-même).
"Jésus" de Hiroshi Okuyama raconte en fait l'irruption du fils de Marie et de Joseph dans la vie d'un petit garçon nippon, Yura.
Quittant Tokyo pour la campagne, où il va, avec ses parents, désormais vivre chez sa grand-mère, Yura se trouve scolarisé dans une école chrétienne. Sans doute shintoïste, puisque dans sa chambre sa grand-mère voue un culte à son mari disparu, Yura ignore tout du christianisme. Comme il est seul et ne s'est pas encore fait d'amis, il s'intéresse à ses nouveaux personnages que sont Jésus et ses disciples. Il serait même tenté de suivre les rites et de s'adonner à la prière...
Quand on lui donne une image sainte représentant le Christ... Un miracle se produit ! Jésus sort de l'image ! Haut d'une dizaine de centimètres, totalement semblable au Jésus de 33 ans d'avant le Golgotha, il n'est visible que de Yura.
Le film, dès lors, regorge de moments fantaisistes et de trucages à la Méliès, car ce Jésus est bien facétieux ! Ainsi, quand Yura retrouve un tourne-disque et écoute de la musique, Jésus danse sur la partie centrale cartonnée du 33 tours !
"Jésus" de Hiroshi Okuyama se révèle un très beau film sur un enfant obligé de se construire dans un environnement bouleversé. Pour Yura, ce n'est pas facile d'être loin de ses copains tokyoïtes, de vivre dans un univers où il faut même changer de Dieu. Rieur, observateur, curieux, il apprend et s'adapte à son nouveau monde.
Quand survient enfin le moment où il se fait un copain, un de ces copains "qu'on aurait pu garder toute la vie", dira-t-il, Yura redevient un enfant comme les autres... et son Jésus de poche finit par disparaître...
Bien entendu, Hiroshi Okuyama, cinéaste prometteur et totalement responsable de son film qu'il photographie et monte lui-même, ne va pas en rester là et la fin du film est loin d'être mièvre. Tout au contraire, c'est une grande leçon qui, malheureusement peut-être, scelle aussi la fin de l'enfance de Yura.
En seulement 76 minutes, "Jésus" de Hiroshi Okuyama dit énormément de choses sur l'enfance. Le jeune réalisateur sait aussi très bien décrire la famille de Yura, et réussit particulièrement le personnage de la grand-mère. Il esquisse aussi un très émouvant portrait de la mère du copain de Yura.
Ce film, que l'on peut voir en famille, sera l'occasion pour les jeunes ados de s'interroger sur le sens de la vie et ses aléas. C'est aussi, mine de rien, une jolie réflexion sur la signification et l'utilité des religions.
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