Un peu corse, un peu jazz, Chris LeHache présente les mélopées de ses pensées dans cet album : Né ! Comme une évidence, un affront, un doigt tendu bien haut face aux faux, c’est avec Gérard Viry qu’il signe les paroles et la musique de la galette au visuel impudique de bébé bien né.
"He not busy being born is busy dying" disait Bob Dylan, "Qui n’est occupé à naître est occupé à mourir", voilà qui est dit. Des six cordes de sa guitare, LeHache tire une bossa nova du soleil à couper de l’ananas en rondelles et des valses à pourfendre la cadence de fluides acrobaties. Et ce jazz, mazette, ce jazz à floquer des tartes tatins en guêtres et haut de chausses.
Né est le voyageur, droit vers le futur nostalgique des matinées ensoleillées, à buller autour d’une table en écoutant le temps passer et les abeilles bourdonner. "Fini les Gitanes au maïs, les Gauloises bleues et menthe à l’eau, je m’embarque au loin pour juste flotter au lieu de nager, je n’veux plus forcer, j’ai assez ramé, c’est l’heure de passer, je passe la main" ("Mes Gauloises bleues"), en hommage aux poètes fumeurs, Yves Simon, Bashung et Gainsbourg.
Un peu de country Woody Guthrie pour lutter aux côtés des opprimés, gaulois que nous sommes : "Nous n’avons pas de belle Highway, pas besoin de route sixty-six, des lacets, des lacs et des clochers, depuis toujours, nous nous dormons nationale 6, ce pays est à toi, ce pays est à moi, des poussières des terrils aux îles du Ponant, ce pays a grandi entre nos mille accents" ("Ce pays est à toi").
Du soleil, des jolis mots, Chris LeHache chante comme il vit, un jour après l’autre, avec ses petites manies et ses sourires en coin. Né est un album malicieux, une petite douceur dont vous reprendrez bien une lichette. Ou deux.
# 29 mars 2020 : On continue à s'égayer le cerveau
On attaque la troisième semaine de confinement. On ne va pas baisser les bras, et nous vous proposons encore un joli contenu histoire de s'oxygéner le cerveau comme on peut. C'est parti.