Comédie de François Lis d’après l'oeuvre de Victor Hugo, mise en scène de Stéphanie Wurtz, avec Alexandre Bidaud, Julia Régule et François Lis. Quand une petite troupe de pieds nickelés est engagée par le directeur d'un théâtre à pluri-programmation quotidienne pour une version très resserrée de l'hugolien chef-d'oeuvre "Ruy Blas", avec trois comédiens pour un spectacle au format court, l'entreprise s'avère périlleuse.
Mais selon l'hardie devise "il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre" et sous la houlette du plus "éclairé", voici le trio qui, complètement ahuri en coulisses, se révèle sur scène par la grâce du paradoxe du comédien et le mystère de l'incarnation.
François Lis, qui connaît bien ses classiques au coeur de la vocation dédiée de la Compagnie Ornithorynque quant à leur l'adaptation "revisitée", signe une partition fantasque selon la pratique préconisée par le pape du théâtre romantique, celui du mélange des genres, en l'occurrence le grotesque et le sublime déclinés alternativement selon leur définition esthétique et leur sens péjoratif.
Il en résulte un roboratif "Ruy Blas, grotesque et sublime" délivré en costumes confectionnés par Aline Gobert, pour lequel Stéphanie Wurtz, la metteuse en scène inspirée, indique, en prévenant non sans un humour de bon aloi, "Attention les yeux… Le pire n’est jamais décevant !". Et cela vaut bon augure.
Car si la loufoquerie et le rire régissent les séquences méta-théatrales et le jeu de François Lis en charge des personnages de "méchants" auquel il apporte une savoureuse touche grand-guignolesque, les tirades du rôle-titre et le drame du "ver de terre amoureux d'une étoile" sont délivrés sans altération parodique dans la pureté de l'oeuvre originale par Alexandre Bidaud, époustouflant, et Julia Régule. A découvrir donc pour le meilleur... |