Comédie dramatique écrite et mise en scène par Violaine Arsac, avec Grégory Corre, Florence Coste, Mathilde Moulinat et Nicolas Taffin.
On oppose souvent sciences et spiritualité, fiction et réalité, rationalité et émotions. Pourtant, dans "Les Passagers de l’aube", Violaine Arsac (l’auteure) se fait fort de créer les ponts invisibles qui pourraient unir ces différentes notions.
Cette intrigue, tout à la fois amoureuse, scientifique et spirituelle, met en scène les amours de Noé et Alix, représentants symboliques de deux mondes que tout semble opposer.
Noé (interprété par l’excellent Grégory Corre) est un brillant interne en neurochirurgie en passe de finaliser sa thèse et pétri de certitudes cartésiennes. Alix (incarnée par la vibrante et inspirée Florence Coste dont on apprécie également le joli brin de voix) est une jeune photographe vivant à contre-temps d’un monde qu’elle juge trop virtuel et se donnant à corps perdu dans ce qui fait pour elle le réel : son amour pour Noé, son art, les chansons surannées, les voyages et les lettres.
En s’intéressant presque par hasard aux EMI (Expériences de Mort Imminente) Noé va voir voler en éclat les fondements de son univers et entraîner dans les affres de ses pérégrinations existentielles ses amis Roman (Nicolas Taffin, très juste dans le rôle de l’homme en colère) et Jeanne (Mathilde Moulinat, incroyablement de subtilité dans son rôle de la femme sensée, sensible et dévouée), mais également Alix, jusqu’au mélodramatique dénouement final.
Basée sur de véritables faits scientifiques, cette fiction alterne sans temps mort tranches de vie réalistes percutantes et vulgarisations sur la physique quantique, le fonctionnement cérébral ou la philosophie orientale à la limite parfois hélas de l’explication de texte.
L’interprétation juste et sensible de tous les comédiens et la mise en scène vivante et rythmée de Violaine Arsa donnent heureusement énormément de fraicheur au spectacle qui se dévore avec plaisir. Les chorégraphies charnelles mais parfois un peu saccadées d’Olivier Bénard et les clins d’œil musicaux de Stéphane Corbin apportent la touche d’émotion supplémentaire qui fait mouche.
Pêle-mêle assumé de jeu, danse, science, chant et mélo-drame "Les Passagers de l’aube" permet de sensibiliser le spectateur à des sujets scientifiques qui seraient restés sinon l’apanage d’obscurs spécialistes, l’invitant se faisant à réfléchir, et pourquoi pas à changer lui aussi, comme Noé, de paradigme. |