Réalisé par Nicolas Guillou. France. Guerre/Drame. 2h03 (Sortie le 22 janvier 2020). Avec Alexandra Robert, Laurent Chandemerle, Brice Ormain, Thomas Blanchet, Eric Simonin, Boris Sirdey et Antoine Michel.
Si l'on excepte quelques parodies dans la mouvance de "Papy fait de la Résistance" comme "La Folle histoire de Max et Léon", et quelques films tirés d'oeuvres littéraires sur les moments les plus noirs de l'Occupation, comme "Un secret" ou "La Douleur", depuis une dizaine d'années, le cinéma français a laissé le champ de la guerre 1939-1945 à la télévision, avec des séries comme "Un village français".
L'intérêt du "Réseau Shelburn" de Nicolas Guillou est d'en revenir aux événements historiques, aux "histoires vraies" et aux personnages emblématiques de la Résistance.
Si l'on juge le film à l'aune de sa facture, il faut bien reconnaître que son réalisateur a surtout voulu faire un travail pédagogique et n'a pas cherché ni à être à la pointe des effets spéciaux ni à fabriquer un récit répondant aux recettes "modernes" de la fiction. Sans lui porter ombrage, on pourrait dire que c'est un film "à l'ancienne" qui n'a qu'un but : faire connaître le beau personnage de Marie-Thérèse Le Clavez et rafraîchir la mémoire sur la Résistance en Bretagne, alors que bien souvent on se plaît surtout à conter la proximité de certains mouvements nationalistes bretonnants avec l'Occupant.
Avec le film de Nicolas Guillou, on redécouvre que de nombreux bretons ont risqué leurs vies pour sauver les aviateurs britanniques quand ceux-ci, en retour de mission vers les côtes anglaises, étaient abattus ou victimes d'incidents mécaniques les obligeant à s'éjecter de leurs appareils.
D'où l'existence du "Réseau Shelburn" qui, non seulement contribua au rapatriement des parachutés mais joua un grand rôle dans la libération du territoire breton.
Evidemment, pour mener à bien ses missions, Marie-Thérèse Le Calvez se déplaçait essentiellement à bicyclette et l'on pourra trouver une certaine similitude avec le personnage du roman de Régine Desforges et les péripéties du film la feront côtoyer des militaires allemandes se montrant sous leurs meilleurs jours quand ils croisaient une jeune fille séduisante.
Qu'importe si le scénario emprunte parfois des chemins attendus, "Le Réseau Shelburn" de Nicolas Guillou est un film écrit et réalisé avec c?ur. Loin des machines à convaincre les commissions parisiennes, on sent qu'il est l'oeuvre d'un véritable artisan et on lui pardonnera pour cela quelques naïvetés formelles. D'autant qu'on y a apprend beaucoup de choses en matière historique. On comprend mieux pourquoi, à un moment, Churchill et De Gaulle avaient pensé replier les troupes françaises vers le "réduit breton" pour continuer la lutte avec l'appui anglais.
Dans le rôle de Marie-Thérèse Le Calvez, Alexandra Robert est idéale. Elle aussi, comme son mari Nicolas Guillou, est passée à la réalisation.Voilà un couple qui s'entête à faire "son" cinéma sans tenir compte des "règles parisiennes" imposées tacitement par le CNC. On leur souhaite de poursuivre longtemps dans la voie qu'ils ont choisi, celle d'une fiction où le sujet est roi et où il est important de le traiter avec intégrité et en toute indépendance.
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