Comédie de Stéphane Guéri, mise en scène de Gillaume Sentou, avec Alysson Paradis, Garance Bocobza, Mikaël Chirinian et Rudy Milstein. Sur le thème d'un événement majeur, la mort de la mère, qui scelle définitivement l'état d'enfant, des tensions fraternelles et du règlement de comptes intra-familial, Stéphane Guérin signe une singulière comédie dramatico-burlesque.
En effet, intitulé sobrement et presque anodinement "Oh Maman !", l'opus, qui se révèle sous influence lagarcienne avec le retour du frère prodigue, emprunte également à un humour noir à la Hanokh Levin et à l’incarnation de la beaufitude façon "coup de point dans la gueule" du dessinateur satiriste Cabu.
Pour une fratrie éclatée, la mort subite de la mère constitue l'occasion de se revoir dans des retrouvailles tendues qui vont virer en règlement de comptes intrafamilial ne se limitant pas au partage des petites cuillères même dans un milieu populaire et allant crescendo dans un festival de rivalités, jalousies et rancoeurs explosives délivrées sans filtre.
Stéphane Guérin a concocté un hallucinant jeu de massacre mené par les soeurs, l'une en situation précaire, divorcée et mère d'un enfant handicapé, l'autre victimaire mais qui avait procuration qur le compte bancaire maternel, toutes deux en déficit de reconnaissance sociale s'estimant lésées tant dans leur enfance que par le destin.
Ainsi prennent-elles pour cible leurs deux frères, le guichetier SNCF un peu benêt qui bénéficiait d'un traitement parental de faveur en raison de ses crises d'épilepsie et celui devenu un écrivain à succès qui les a exploité dans ses romans autobiographiques.
Dans une scénographie minimaliste de cimaises en tulle et blocs modulables conçue par Marie Hervé, cette comédie - résolument noire selon l'intention délibérée de son auteur - comporte néanmoins quelques moments d'émotion et, à la mise en scène, Guillaume Sentou négocie efficacement cette partition en montagnes russes, notamment en jouant à fond la carte comique façon "comics" pour les hilarants épisodes funérario-grotesques qui baissent la pression dramatique.
Au jeu, un quatuor de comédiens parfaitement distribués - Rudy Milstein dans son emploi récurrent d'ahuri au coeur tendre et Mikaël Chirinian en intellectuel au-dessus de la mêlée face à deux natures au bel abattage Alysson Paradis et Garance Bocobza - porte haut cette tranche de vie bien saignante. |