Comédie dramatique d'après l'oeuvre éponyme de Tennessee Williams, mise en scène de Manuel Olinger, avec Julie Delaurenti, Manuel Olinger, Murielle Huet des Aunay(ou Tiffany Hofstetter, Gilles-Vincent Kapps (ou Philippe Weissert) et Jean-Pierre Olinger. "Un Tramway nommé Désir" de Tennesse Williams, qui fut salué par ses contemporains comme le nouveau génie du théâtre américain, constitue une de ses oeuvres majeures déclinant ses thèmes récurrents de la famille, la solitude existentielle, la folie, et de l'amour comme élément de construction de soi.
Et ce sous une forme dramatique, également récurrente, typique du drame williamsien centré sur la crise émotionnelle aigüe de personnages vivant un enfer intérieur qui se trouvent en situation de huis-clos étouffants, en l'espèce, résultant de la promiscuité et de la confrontation de classe, qui entraîne leur basculement dans le chaos.
Dans l’Amérique des années 40, les demoiselles DuBois de bonnes naissance et manières ont suivi une voie différente. Stella a quitté la demeure familiale et se retrouve dans un gourbi à la Nouvelle-Orléans par amour pour un ouvrier frustre et violent.
Blanche, Belle du Sud devenue une héroïne déchue et avatar schizophrène de Scarlett O'Hara fuyant à sa manière les réalités contingentes, y restée jusqu'à la saisie du domaine pour dettes. A bout de ressources, elle a pris un tramway nommé "Désir" pour se réfugier chez sa soeur.
Porter cet opus sur une scène française ne s'avère pas une entreprise anodine à laquelle s'est attelé le comédien et metteur en scène Manuel Olinger à partir d'une adaptation de Pierre Laville.
Conservant l'ancrage spatio-temporel, signifié par le décor et les inserts musicaux dispensés par Jean-Pierre Olinger et Gilles-Vincent Kapps, et l'emboîtement original des scènes de confrontation et de révélation, il livre une partition (ré)équilibrée articulée sur les relations bilatérales, telles qu'elles s'expriment dans le duo sororal, la relation conjugale et l'idylle avortée entre Blanche et un possible prétendant, qui ne se focalise pas sur l'antagonisme équivoque entre Blanche et son beau-frère. Et il opte pour un jeu réaliste sans verser dans le naturalisme expressionniste soutenu par lui-même dans le rôle du mari dominateur, Murielle Huet des Aunay dans l'incarnation de la fragilité des femmes sous influence, Gilles-Vincent Kapps en amoureux transi inféodé à l'amour filial en amoureux transi inféodé à l'amour filial et, dans le périlleux et emblématique rôle de Blanche, Julie Delaurenti qui réussit une bouleversante incarnation de la décompensation psychotique. |