Spectacle conçu par Christophe Barbier d'après le recueil éponyme posthume de Victor Hugo, mise en scène de Stéphanie Tesson, avec Christophe Barbier et Jean-Paul Bordes. Le recueil "Choses vues" publié à titre posthume constitue une compilation présentée de manière chronologique pour, selon la note de l'éditeur "constituer un livre d'Histoire inédite en marge de l'Histoire", d'un foisonnant corpus de notes, fragments de journal, portraits, narration de faits contemporains et comptes rendus-divers rédigés par Victor Hugo.
De ces "choses vues", Christophe Barbier, journaliste, auteur et comédien, a souhaité faire des "choses jouées" et élaboré un florilège en forme de portrait impressionniste d'un homme, écrivain, poète et dramaturge, né en 1802 qui doit à sa longévité d'avoir quasiment traversé le19ème siècle qui atteste tant de son acuité et de son engagement politique et humaniste que de son style d'écriture.
Les morceaux choisis rendent compte de la diversité de nature de la compilation, de dimension autobiographique ou ressortant à la chronique socio-politique et comportant tant des portraits à la manière des "Caractères" de "La Bruyère", tel celui de de la revêche Mme de Chateaubriand au sourire "très cher payé", que des récits épiques comme celui relatant la fuite de Louis Philippe en 1848.
Ils sont ordonnés en une partition pour deux voix pour laquelle Stéphanie Tesson indique avoir conçu la mise en scène comme "une lanterne magique en action" en lui conférant la nature de "voyage vers la contemplation".
Ainsi, est-elle délivrée par des hommes ni différents ni diffraction d'un même personnage réel ou fictif, qui s'écoutent, se croisent, devisent parfois dans un entre-deux tracé par la belle scénographie de Marguerite Danguy des Déserts animée par les lumières de François Loiseau qui crée un espace flottant traversé de kakémonos sur lesquels sont rerpruits des dessins à l'encre noire de Victor Hugo et son écriture manuscrite.
Cette échappée immersive est conduite par deux complices en contrepoint mélodique, Christophe Barbier avec une voix de conversation et le comédien Jean-Paul Borde dans le registre de la déclamation louée par Diderot dans son essai "Le Paradoxe du comédien".
Ils délivrent avec passion ces miscellanées hugoliennes, de l'ode à l'humble marguerite fleurissant sur les pavés devant les débris du Théâtre du Vaudeville au poème "Tout vient et passe" inclus dans "Les Contemplations" sur l'éphéméréité de la vie.
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