Théâtre de clown d'après l'oeuve éponyme de Shakespeare, mise en scène de Maria Zachenska et Pierre Cornouaille, avec Louis-Jean Corti et Maria Zachenska.
Une heure, presque montre en main, pour raconter "Macbeth" aux petits, à partir de 9-10 ans, et aux grands surtout s'ils ont gardé leur âme d'enfant, c'est le pari qu'ont eu raison de se lancer Maria Zachenska et Louis-Jean Corti, alias Carpatte et Francis.
Car, en plus de fournir une prestation rythmée pour tout conter, les deux acteurs ont décidé de jouer Macbeth et sa Lady, sans oublier tous les autres nombreux personnages, dans leurs habits de clowns.
Oh ! Ils ne sont pas les seuls à avoir déduit que Shakespeare pouvait rimer avec Auguste et Paillasse, que le génial londonien pouvait être joué pour de rire. Bien sûr, il y a ses comédies avec ses mégères et ses commères, mais il y a aussi ses tragédies avec ses rois barbares et avides, prêts à verser des tonneaux de sang pour des couronnes de pacotille.
Au fond, tout cela est ridicule comme l'histoire des hommes qui s'embrochent pour des titres ou des trônes d'opérette. Dans leur version, mise en scène par Maria Zachenska et Pierre Cornouaille, les crimes de Macbeth ne sont pas évités. On trucide la plupart du temps derrière le rideau qui sépare de la scène... mais il arrive que l'on fasse mine de couper des cous devant les spectateurs.
Comme clowns, Carpatte et Francis n'appartiennent pas au genre traînant sur les mots ni roulant des yeux. Ce sont des clowns plutôt joyeux, espiègles et bons conteurs. Ainsi grâce à la diction de Carpatte, qui a des inflexions dans la voix qui rappellent celles perchées d'une Brigitte Fontaine, on suit parfaitement le récit shakespearien dans tout ce qu'il a de noir et de dérisoire.
Et puis, un clown n'est-ce pas l'idéal pour rappeler l'idiotie de tout ce sang et de tous ces complots, puisque, au bout du compte, les méchants vont toujours trop loin et qu'au final, leurs impostures sont toujours réduites à la cendre et au néant ?
On espère que les petits et les grands retiendront cette petite leçon de logique et de géopolitique et verront en Macbeth un exemple à ne pas plus suivre que celui du père et de la mère Ubu, autres clownesques descendants des Macbeth dont auraient pu tout aussi bien s'emparer les talentueux compères Francis et Carpatte. Qu'il ne faut absolument pas rater ! |