Depuis ses débuts, la musique d’Ásgeir est clivante. On aime ou on goûte très moyennement le folk intimiste et émotionnel du chanteur Islandais. Parce que le problème n’est pas tant dans le folk intimiste que dans l’émotionnel. Il faut supporter ces débordements, cette voix que l’on pourrait trouver empruntée ou maniérée.

Son premier disque Dýrð í dauðaþögn sorti en 2012 est acclamé et devient le premier disque le mieux vendu en Islande. Tant qu’à surfer sur la vague de la réussite, le chanteur le réenregistrera en anglais sous le titre d’In the Silence. Sa musique électro / folk / pop / rock mélancolique se mariait totalement et de fait nous renvoyait à une sorte de landscape imaginaire qui perdait de son charme en s’illustrant en anglais.

Et puis on peut se prendre cette même vague en plein visage. Afterglow en 2017 est une catastrophe esthétique. Ásgeir laisse entrer les machines, synthétise sa musique en oubliant tout sens esthétique, entre roublardise et afféterie.

Avec ce Bury The Moon, Ásgeir replace le curseur entre les deux, entre climats électroniques et acoustiques. Enregistré dans la presque solitude d’une petite maison de campagne isolée, le chanteur fait avec ce disque œuvre d’introspection. Le spleen est toujours là et se tapisse souvent d’une légère pellicule de neige. Ce qui n’empêche pas un soleil de l’autre côté de l’Atlantique de faire son apparition ("Turn Gold to Sand", "Lazy Giants" ou "Overlay").

Les paroles sont toujours de son père le poète Einar Georg Einarsson, avec le musicien John Grant comme collaborateur à la traduction des paroles en anglais. Si l’ensemble est honorable, si tant est que l’on aime ce genre de musique, c’est quand il laisse sa musique prendre de l’ampleur, de la profondeur, dans les arrangements notamment qu’enfin elle peut se montrer vraiment intéressante.