Horacio Castellanos Moya est né à Tegucigalpa au Honduras en 1957. Il grandit et a fait ses études au Salvador et s’exile à partir de 1979 dans de nombreux pays. Il enseigne aujourd’hui à l’université d’Iowa. Il a déjà écrit douze romans, qui lui ont valu de nombreux prix, une reconnaissance internationale mais aussi des menaces de mort. Il y a un peu moins de deux ans, je découvrais cet auteur avec un livre très noir sur l’immigration Latinos aux Etats-Unis, Moronga.
Avec son dernier ouvrage publié chez Métailié qui date de 2008, l’auteur nous raconte un temps peu glorieux de l’histoire Salvadorienne lorsque le pays était dirigé par un dictateur du nom de Martinez, surnommé le "sorcier nazi". Ce dernier régna de 1932 à 1944.
L’ouvrage nous emmène en 1944 lorsque Périclès, un avocat critique du gouvernement du "sorcier nazi", est arrêté et emprisonné. Son épouse Haydée, une jeune femme de la bonne bourgeoisie décide d’écrire le journal des évènements.
Pendant qu’elle note ce qu’elle considère comme des conversations avec son mari qui, avant de devenir opposant a été collaborateur du régime, elle raconte les progrès des arrestations, les interdictions de visite au pénitencier ainsi que ce qui se passe pour le reste de la famille, composée d’un côté de militaires, soutien du régime, et de l’autre des libéraux, opposés au tyran.
Survient un coup d’Etat contre le dictateur, son fils Clémente, le fêtard, le coureur, l’ivrogne, est impliqué et raconte ce qui se passe chez les conspirateurs. Ses aventures parfois désopilantes alternent avec l’éveil de la conscience politique de Haydée, qui organise la rébellion avec d’autres femmes ; épouses, filles, petites-filles, voisines, domestiques.
J’ai préféré cet ouvrage à son précédent, sûrement parce qu’il a une dimension historique que l’autre n’avait pas et qu’il nous parle d’un dictateur que je ne connaissais pas. Evidemment, cet ouvrage reste un livre de fiction avec des personnages principaux fictifs mais avec des situations et des personnes évoquées basés sur l‘histoire du Salvador en 1944. L’ouvrage donne donc envie d’en savoir plus sur cette période historique au Salvador.
J’ai aussi apprécié la construction de l’ouvrage avec ses deux fils narratifs qui nous permettent d’avoir deux points de vue différents pour un même évènement. D’un côté, superbement écrit le journal intime d’Haydée et de l’autre le récit de Clémente, impliqué dans le coup d’Etat raté qui s’enfuit avec son ami Jimmy. D’un côté, un ton ou un style dramatique, dans les mots d’Haydée et de l’autre un ton ironique et humoristique quand on suit les deux fugitifs. A cela s’ajoute une fin éblouissante, un dénouement remarquable qui nous ouvre les yeux sous la forme d’une leçon d’histoire. Une dernière partie écrite 29 ans après les évènements, écrite à la première personne du singulier où l’on sent bien le recul par rapport aux événements.
Avec La mémoire tyrannique, un ouvrage écrit bien avant Moronga publié en 2017, les éditions Métailié continuent donc, pour notre plus grand plaisir, de nous proposer les ouvrages de cet auteur de talent. Un autre ouvrage est sorti le même jour, dans un format poche, L’homme en arme. Si vous ne connaissez pas cet auteur, je vous invite donc à le découvrir. |