Comédie burlesque de Rémi De Vos, mise en scène de Jean-Michel Ribes, avec Caroline Arrouas, Jacques Bonnaffé, Marie-Armelle Deguy, Gilles Gaston-Dreyfus, Anne-Lise Heimburger et Yannik Landrein. Précisions liminaires : "Kadoc" ne constitue pas un des meilleurs opus du dramaturge Rémi De Vos et, s'il est présenté comme traitant du thème du monde pathogène du travail, celui-ci ne vaut, de fait, que comme toile de fond d'une comédie burlesque déclinant essentiellement le pandémonium conjugal à travers trois couples dont les maris travaillent au sein de la même entreprise.
Par ailleurs, en termes stylistiques, mieux vaut l'appréhender comme un exercice style dans lequel se télescopent l'absurde à la manière kafkaïenne et le comique, celui de situation mais essentiellement le comique de caractère à apprécier à la lumière d'une de ses répliques comme une histoire de fous qui ne savent pas qu'ils sont fous et qui vivent au milieu de fous qui ne savent pas non plus qu'ils sont fous.
Ainsi, de la partition conçue comme un jeu de massacre ne faut-il retenir que meilleur, soient les scènes, dont quelques unes d'anthologie, telles celles du menu et celle de l'assaut d'humiliations à la Monthy Python, qui offrent aux comédiens de jouissifs numéros d'acteur.
Dans une scénographie hideuse de Sophie Perez, la grande manitou de la déjantée Compagnie du Zerep, évoquant le hall d'accueil d'une multinationale ayant des prétentions de mécénat artistique, se déploie une excellente distribution concoctée et mise en scène par Jean-Michel Ribes qui joue ainsi sur du velours.
Tout commence avec Yannick Landrein dans le rôle de l'employé en burn-out victime d'hallucinations simiesques et Caroline Arrouas en épouse impertubable de rationalité.
Suivront Gilles Gaston-Dreyfus en grandiose incarnation de la beaufitude avec son complexe de classe, son besoin de reconnaissance et son tempérament dominateur et Anne-Lise Heimburger en conjointe bien assortie.
Enfin, au top du dandy contemporain, Jacques Bonnaffé s'avère époustouflant de loufoquerie pathétique pour camper le PDG tyrannique à la ville et, dans la sphère privée, laminé par une épouse bipolaire et hystérique jouant avec un art consommé du "double bind" interprétée de manière ahurissante par Marie-Armelle Deguy. Et donc tous s'en donnent à coeur - et choeur - joie pour une folle soirée. |