Comédie dramatique de Ivor Martinic, mise en scène de Juan Miranda, avec Astrid Albiso, Laurent Czerniak, Elena Durant, Eva Jarriau, Florent Mousset, Teresa Ovidio, Chap Rodriguez Rosell, Ivan Toulouse et Maria Verdi. Quand le théâtre répond à ce que l'on attend, c'est-à-dire avant tout procurer du plaisir et de l'émotion, on est à la fois heureux et reconnaissant envers ceux qui ont su réussir la recette qu'ils avaient annoncé sur l'affiche.
C'est plus que le cas de la Compagnie El Vaivén qui avec "Mon fils marche juste un peu plus lentement" remplit parfaitement son contrat : 9 comédiens de tous âges et d'origine franco-argentine vont célébrer un anniversaire et fournir au spectateur une joyeuse et émouvante tranche de vie d'une famille pareille à toutes les autres, autrement dit tout à fait singulière.
Le jour où se déroule la pièce d'Ivor Martinic, le jeune auteur croate, Branko (Florent Mousset) fête ses vingt-cinq ans. Jour de joie donc, sauf que le garçon dans toute la force de l'âge est condamné à la chaise roulante.
Sa mère, Mia (Teresa Ovidio) ne l'admet pas tout à fait et c'est elle qui répète la formule qui donne son nom au spectacle : "Mon fils marche juste un peu plus lentement".
Que dire de plus de la pièce ? Sinon que c'est la vie dans tout ce qu'elle a de commun, de répétitif, d'habituel qui a droit de cité ici... en même temps que toutes les petites anomalies qui font déraper le commun, le répétitif, l'habituel.
On n'oubliera pas la grand-mère méchamment mal embouchée Maria Verdi), le couple faussement mal assortie (Astrid Albiso, Chap Rodriguez Rosell), le grand-père fataliste après tout ce qu'il a entendu (Ivan Toulouse), les jeunes filles (Eva Jarriau, Elena Durant) et le père rassurant (Laurent Czerniak).
Il faut tous les citer car ils font vraiment troupe et savent cohabiter sur un plateau où souvent les autres ne tiennent pas à plus de trois. On dira que Juan Miranda, le metteur en scène est tout autant chorégraphe que directeur d'acteurs et que ceux-ci entrent et sortent avec une légèreté rare.
On soulignera les divers délicieux accents qui se succèdent, la capacité des unes et des autres d'élever la voix ou de se faire des confidences. Tous semble suivre un canevas très écrit en se permettant parfois de vraies plages d'improvisation.
Si l'on voulait faire une comparaison déraisonnable, on verrait dans la belle écriture d'Ivor Martinic une parenté avec l'auteur napolitain Eduardo de Fillipo et sa pièce "Noël chez les Cuppiello".
Quoi qu'il en soit, "Mon fils marche juste un peu plus lentement" d'Ivor Martinic est le spectacle à voir au mois de mars sans se soucier d'être contaminé par un mauvais texte. |