Spectacle de théâtre musical d'après l'oeuvre éponyme de Boris Vian, mise en scène de Claudie Russo-Pelosi, avec Quentin Bossis (ou Aurélien Raynal), Ethan Oliel (ou Baptiste Herout), Stéphane Piller, Charlotte Rous, Lou Salaun Tilly (ou Maeva Pasquale, Angéla Mariusse (ou Claudie Russo-Pelosi), Charles Garcia, Loue Echalier (ou Marie Jouhaud), Adrien Grassard et Dong Michaxu. La Compagnie les Joues rouges, dont les membres sont tous amis et frais émoulus du Cours Florent, propose pour sa première création une enthousiasmante version théâtrale du roman "L'Ecume des jours" de Boris Vian, figure emblématique du Saint-Germain-des-Prés existentialiste, qui a la fraîcheur de leur jeune âge.
Et bénéficie de leur talent d'artistes déjà rompus au jeu, au chant et à la danse pour porter l'adaptation et la transposition scénique émérites de Claudie Russo-Pelosi qui a eu notamment, s'inspirant du procédé de la mise en abîme, la bonne idée de mettre en parallèle l'écriture du roman avec son auteur-narrateur et l'incarnation de ses personnages de papier devenus les protagonistes d'un conte moderne sur le mythe de l'amour tragique.
Car certaines histoires d'amour finissent mal. Comme son ami Chick (Charles Garcia), adorateur du philosophe Jean-Sol Partre (Stéphane Piller), aime la patiente Alise (Angéla Mariusse), Colin, jeune homme timide et maladroit (Ethan Oliel), a envie de tomber amoureux et grâce à son amie Isis (Charlotte Rous) rencontre la douce Chloé (Lou Salaun Tilly) qui va mourir dévorée par un nénuphar malgré l'intervention du loufoque docteur Mangemanche (Adrien Grassard).
Avec la collaboration de Sarah Battistella pour la direction d'acteur, Claudie Russo-Pelosi signe une mise en scène à la fois rythmée et fluide dans un décor évocateur qui est celui de l'écrivain (Quentin Bossis) combinant de façon astucieuse plusieurs espaces scéniques et incluant le fameux pianococktail permettant l'intervention en live d'une musicienne (Loue Echalier).
La partition ressortant au théâtre musical fait la part belle au swing des années de l'après Seconde guerre mondiale et donc aux chansons survitaminées de Boris Vian accompagnées d'épatantes chorégraphies miniatures, de "La complainte du progrès" à "Je suis snob" en passant par l'incontournable "Fais moi mal Johnny", ainsi que d'inattendus inserts avec le rap du toubib façon beatbox et la "Marche turque " de Mozart parodiée par Dong Michaxu.
Au terme d'une distribution efficace, les jeunes interprètes, tous animés d'un bel esprit de troupe qui favorise la synergie, délivrent une excellente prestation en symbiose avec le ton et l'univers de l'opus vianien.
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