Réédition de l’œuvre couronnée par le Grand Prix de l’Imaginaire en 1997, L’intégrale F.A.U.S.T. traverse le temps de ses intrigues visionnaires conçues par Serge Lehman. D’abord, deux nouvelles : Nulle part à Liverion et Wonderland, destinées à planter le décor du cœur de la meule : le cycle de FAUST.

"Certains soirs, quand le vent souffle assez fort pour dissiper les brumes qui couvrent le Wonderland, je lève les yeux au ciel, je regarde les étoiles, je pense à ce qui aurait pu être et à ce qui est. Je me souviens de mon nom, la confrérie des traîtres à l’humanité. Je me souviens du monde avant moi, du monde sans moi.

Les étoiles étaient plus nombreuses autrefois.

C’est ma faute. J’ai donné des ordres, j’ai signé des papiers. J’ai ouvert la voie en sachant que personne ne pourrait la refermer. Il y avait des hommes ici. Des villes, des routes, des écoles. Tout a disparu. Les hommes sont devenus des rats dans le pourrisoir du Wonderland."

Dans un avenir pas si lointain, la terre est un cloaque cosmique où se côtoient humains cacochymes et déchets nucléaires. Pas de masque anti postillons ni de gel hydroalcoolique, javel et Monsieur Propre ne sont que de lointains souvenirs probablement relégués au rang de légende urbaine. Pour ce qui est du code de la route et des politesses consenties, elles reposent quelque part sous la couche de fange qui sert de sol. Bref, ça craint un max. Et les riches ? Bah eux continuent de se faire servir dans des résidences aseptisées, colonisateurs jusqu’à la Lune, ils sont les Puissances.

Et les Puissances projettent de faire main basse sur la Terre pour y faire un terrain de golf. Ou presque. Ils la veulent pour y faire leur loi et exterminer tout ce qui n’est pas bon-beau-bio évidemment. Tout ce qui ne leur ressemble pas. Les pauvres et les malades. Une bonne partie de l’humanité en fait.

Suite à l’assassinat de son père, Chan prend la tête de la rébellion et constitue la horde des Défenseurs, pour lutter contre les projets des Puissances.

Métaphore ou prescience, l’intrigue de Serge Lehman est intemporelle. Placé dans un univers steampunk à grand coups de batailles cosmiques, de transhumains bricolés et de nanotechnologie hétéroclites, le cycle de FAUST brasse les thèmes d’une lutte des classes poussée à l’extrême, de l’économie face à la politique, des lois du marché et des déséquilibres géopolitiques, dans un univers où l’ambition et la manipulation n’ont pas de limite. Capitalisme, quand tu nous tiens.

"Désormais les Puissances étaient partout chez elles et n'avaient de compte à rendre à personne. Le vieux rêve grec de la Cité était définitivement mort ce jour de janvier 2095. Il ne restait plus qu'à défendre ses ruines aussi longtemps qu'on le pourrait en espérant que les générations de l'avenir en feraient un jour les fondations d'une nouvelle utopie."