"Viens voir, m’appelle Lépineux, viens voir, ça souffle un peu !
Descendu dans la doline pour le rejoindre, il me sembla, effectivement qu’un très léger courant d’air sortait par le trou, et je commençais à aider Georges à déchausser ses pierres : un trou qui souffle ! ça veut dire une immense caverne ! ça devenait vraiment passionnant." Jacques Labeyrie, Les découvreurs du Gouffre de la Pierre Saint-Martin
Avec le groupe Artús, depuis Òmi en 2003, on a l’assurance d’un univers singulier, d’une puissance sonore, féroce : Artús vient du celtique "ARZH" signifiant ours, d’une sorte de dark folk. Du folk passé au papier de verre pour lui donner une patine différente. C’est une musique clairement ancrée dans la musique et dans une certaine tradition gasconne, notamment dans l’organologie : boha (cornemuse des Landes de Gascogne), vielle à roue, tambourin à cordes mais tournée vers d’autres possibles, vers des esthétiques qu’elle tend elle-même à créer. Difficile de la comparer à d’autres groupes : sa musique lui est d’abord personnelle, imagée et à programme (avec un thème, une trame particulière).
Avec ce sixième disque Cerc (le cercle), le groupe propose une œuvre en 6 mouvements qui doivent s'enchaîner sans coupure de son. Sixième disque, six mouvements, six membres du groupe, 666 le nombre du diable. Si on rajoute que le groupe cite cette phrase : "Il est dit qu’aucun arbre ne peut pousser jusqu’au paradis sans plonger ses racines jusqu’aux profondeurs de l’enfer" de C.G. Jung...
Artús nous emporte donc dans les abimes terrestres, dans les gouffres de la Pierre Saint-Martin, plus grand massif karstique au monde. Karst de 140 kilomètres carrés entre 1 500 et 2 100 mètres d'altitude, à cheval sur la frontière entre la France et l'Espagne.
Mais cette cheminée dans les profondeurs est naturellement une expérience mystique, rappelant comme le précise Artús l’allégorie de la caverne de Platon. "L’Homme a toujours prospecté les profondeurs invisibles de la terre, de l’âme, pour découvrir, remonter et transmettre du vécu, il a besoin de bousculer ses représentations, de se confronter à l’infini du temps et de l’espace. Deux Humanités coexistent en nous : l’Homme "primitif", rattaché aux profondeurs, vivant dans la terre, dans l’ombre de lui-même. Le monde des sens, de l’illusion, de la croyance, des certitudes, des habitudes… le monde physique, matériel. L’Homme "éveillé", rattaché à la lumière, vivant en surface, contemplant les étoiles, n’ayant plus d’ombre. Le monde des idées, de la connaissance, du savoir… le monde métaphysique, spirituel." Rappelons que pour Platon la musique est vectrice d’harmonie, elle copie la nature mais ne la matérialise pas.
Cette expérience mystique se retrouve bien évidemment dans cette musique qui interpelle les sens comme l’intellect. La tension est permanente et le résultat est forcément introspectif. Cerc est sombre, tribal, hypnotique. Encore une fois fascinant, captivant...
Cette semaine, c'est le retour de la MARE AUX GRENOUILLES, vendredi soir à 21h en direct sur Twitch, c'est gratuit alors on compte sur vous ! D'ici là, voici le programme de la semaine. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux !