Associer Espagne et guitare, et même si ce pays fait partie de l’ADN de l’instrument, c’est un peu facile et habituel. Mais quand c’est fait de si belle manière et par un ensemble aussi virtuose et ouvert sur la diversité musicale, on le pardonnera facilement.

Lié par une amitié depuis leur rencontre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, le Quatuor Eclisses composé de Gabriel Bianco, Arkaïtz Chambonnet, Pierre Lelievre est un ensemble polyvalent et plutôt original, qui propose un répertoire notamment composé de transcriptions, d’arrangements d’œuvres pour piano ou orchestre (La Pavane pour une Infante Défunte de Maurice Ravel, la Barcarolle n°1 de Gabriel Fauré, l’Ouverture de l’opéra Le Siège de Corinthe de Gioacchino Rossini, le quatrième mouvement de la Suite Bergamasque de Claude Debussy, la Danse Macabre de Camille Saint-Saëns ou des extraits de l’opéra Carmen de Georges Bizet, le troisième mouvement du Concerto Brandebourgeois n°4 de Jean-Sébastien Bach...) et d’œuvres contemporaines (Sergio Assad, Karol Beffa et Nikita Koshkin).

Ce quatrième disque (Guitares en 2013, Invitation Française en 2015 et Pulse en 2017) est donc une échappée belle aux couleurs de l’Espagne avec des pièces d’Isaac Albéniz (Asturias (extrait de la Suite Espagnole) et El Corpus Christi en Sevilla (extrait de Iberia)), de Claude Debussy (Soirée dans Grenade), Manuel de Falla (Homenaje pour le Tombeau de Claude Debussy, la Danse finale du Tricorne), les Chansons et Danses n° 8 & 11 de Federico Mompou, Ráfagas de Federico Moreno Torroba et Introduction et Fandango (extrait du 4ème quintette pour cordes et guitare) de Luigi Boccherini.

Bien sûr il y a cette maestria, ces couleurs, ce sens du phrasé, des lignes mélodiques, des tensions et des nuances, cette fièvre et cette passion, toute la densité et la diversité de la musique espagnole que l’ensemble a voulu accentuer.

La qualité des arrangements permettent aux guitares de garder toutes les expressions mélodiques de ces œuvres et aux musiciens de s’exprimer totalement, notamment chez Albéniz, Manuel de Falla ou dans les Ráfagas de Torroba. Magnifique !