Le dernier Benjamin Biolay sur Froggy’s Delight ? Oh non ! Encore lui ! Est-ce vraiment nécessaire de faire la chronique d’un album bénéficiant déjà d’une surexposition médiatique ? En même temps, Benjamin Biolay, auteur-compositeur-interprète, est objectivement un des artistes français les plus passionnants et il le confirme d’ailleurs avec ce nouveau disque. Alors oui, après réflexion, voici une chronique supplémentaire de Grand Prix.
Tout au long du confinement, Benjamin Biolay nous a accompagnés de son salon avec de nombreuses reprises acoustiques de grands classiques de la chanson française (Gainsbourg, Daho, Moustaki, Barbara, Johnny, etc.). On le retrouve aujourd’hui, en cette période post confinement, pour un neuvième album intitulé Grand Prix qui se présente comme un concept album dédié à la passion de l’artiste pour la formule 1. On retrouve ainsi des références plus ou moins explicites à la course automobile sur certains des 13 titres du disque.
Le point de départ de ce nouvel opus se situe en 2015 lors du décès du jeune pilote niçois Jules Bianchi qui décéda après de longs mois de coma, suite à un accident de course survenu au Japon. Benjamin Biolay atteint émotionnellement par ce décès a alors écrit le titre "Grand Prix", tout en équilibre avec un côté dansant et des cordes sophistiquées. C’est la matrice de ce disque.
Après son diptyque argentin, Palermo Hollywood (2016) et le beaucoup moins convaincant Volver (2017), Grand Prix trouve son inspiration dans la pop anglo-saxonne. D’ailleurs, sans savoir si la référence est voulue, Grand Prix renvoie au Grand Prix (1995) de Teenage Fan Club, grand groupe pop écossais des années 90’s aux mélodies sensuelles et guitares efficaces.
L’album s’ouvre sur son premier single, "Comment est ta peine", qui illustre à merveille l’orientation musicale du disque : un crooner à la voix rauque, le côté désabusé (attendu), une mélodie synthétique et des cordes sous quelques notes de guitares. On sent même une très légère inspiration de la scène mancunienne du début des 80’s (New Order, Happy Mondays). Cela se fait subtilement par des mélodies entêtantes et synthétiques.
Grand Prix est en effet gorgé de mélodies imparables comme sur "Visage pâle", "Comme une voiture volée" ou "Où est passée la tendresse ?". L’album a été masterisé par Alex Gopher, ce qui a pu participer au son limite "dansant" de certains refrains. De même, on retrouve Clément Animalsons Dumoulin (producteur hip-hop notamment pour Lunatic, Booba), déjà présent sur le titre "La Superbe" par exemple, à la programmation sur plusieurs titres y apportant ainsi une légère coloration urbaine. La pop se caractérise souvent par des chansons qui donnent envie de danser sur des paroles mélancoliques. On est en plein dedans.
En revanche, l’album a été présenté dans la presse comme le plus rock. C’est très exagéré même si on trouve un peu sur "Papillon Noir" mais surtout sur "Idéogrammes" des riffs de guitare. Il ne s’agit pas d’un album rock. Benjamin Biolay cite une généalogie avec Julian Casablancas ou Alex Turner. Sur ce coup, on dirait qu’il est plus proche de Last Shadow Puppets que d’Artic Monkeys.
Comme toute course automobile, le rythme du disque est assez rapide mais le conducteur sait ralentir pour éviter la sortie de piste. C’est le cas avec le plus classique "Vendredi 12" aux arrangements soignés ou "La roue tourne" (avec en guest Chiara Mastroianni) destinée à sa fille qui apparaît comme le prolongement du magnifique "Ton héritage". On saluera aussi la magnifique balade mélancolique avec trombone "Ma route".
Juste avant la ligne d’arrivée, on le retrouve avec sa complice Keren Ann sur "Souviens-toi l’été dernier" aux guitares funkies. Le finish est plus compliqué avec "Interlagos (Saudade)" où il évoque avec sa fille le pilote brésilien Ayrton Senna mort en 1994 ; titre qui ne trouve pas trop sa place dans l’orientation musicale de l’album. Hormis cette unique réserve, Grand Prix est un album pop d’une très grande qualité.
Enorme tournée à partir du mois d’octobre avec pas mal de dates en Normandie notamment. A voir si la tournée se fera en version plus rock.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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