Venu
de presque nulle part c’est peut être le disque le plus réjouissant
de la rentrée. Sorti après quelques EPs prometteurs, Parsley
Sounds est très logiquement le premier album de Parsley
Sound, collectif anglais en passe de surprendre son monde, voire d’en
conquérir un bout.
De temps en temps on voit sortir de nulle part de doux dingues qui se prennent
de l’ambition insensée de réinventer plutôt que de
seulement innover. On avait ainsi pu voir le Beta Band ou Olivia
Tremor Control nous proposer une vision de la musique en rupture qui nie
toute barrière, qui revendique des influences pour mieux les remettre
en pièces et recomposer alors un jeu de construction foutraque, en équilibriste
et sans plan préconçu, et fournir au final une œuvre furieusement
psychédélique, originale, riche et pas toujours très commode
à refourguer.
Parsley Sounds est de ces objets rares et intrigants : sous des atours lofi
et cotonneux l’album distille des perles pop subversives comme seuls les
timbrés de Mercury Rev ou des Flaming Lips osent revendiquer
la paternité. On retrouve même les penchants du jeune Blur,
nombrilistes et nonchalants :des branleurs sûrs de leur légitimité
et qui ne s’embarrassent pas des convenances et des choix de leurs grands
frères.
Ces raconteurs d’histoire utilisent ainsi avec abondance l’électronique
comme esclave de leur psychédélisme (on note qu’ils sont
passés chez Warp avant de signer sur le Mo’Wax de DJ Shadow),
et expérimentent autour d’audaces régressives que leur permet
seule leur absence de règle du jeu. Des montages à la limite du
casse gueule avec des ambiances tour à tour mélancoliques et orgiaques,
oscillants entre un Sparklehorse et un Broadcast (tous deux
sous prozac… ce n’est pas un disque pêchu comme on dit), qui
rappelle un certain foisonnement des sixties sans céder au maniérisme
hippy (ouf !).
Décalé, et à contre-pied de ce qui se fait et s’est
fait, il est dur de prédire l’avenir que connaîtra ce groupe,
mais ces débuts sont totalement réjouissants et ne devraient pas
tarder à leur permettre d’atteindre une réputation d’estime
autour du cercle d’happy few qui se laisseront dompter par l’entreprise
musicale singulière.
Leur psychédélisme intemporel est en effet une des meilleures
raisons de se réconcilier avec une pop moribonde, les trouvailles et
les audaces de ce groupe compensent largement les préjugés qu’on
peut avoir face à leur attitude. |