Monologue dramatique de Jean-Paul Chabrier interprété par dans une mise en scène de Günther Leschnik.
Dans la pénombre, toute vêtue de noire assise sur son fauteuil rouge telle une reine sur son trône, elle parle simplement d'elle et de sa vie. Sans rien occulter, Pina évoque son enfance, la solitude, l'observation des insectes sur lesquels elle prend exemple et l'amour...
Jean-Paul Chabrier a écrit "Une Reine en exil" à la mort de Pina Bausch il y a une dizaine d'années et s'inspirant de sa vie, la fait s'exprimer dans ce monologue de fiction qui en traquant les contrastes chez Philippina Bausch rend un hommage touchant à la fois à la femme et à l'immense artiste qu'elle fût.
Avec douceur, Sylvie Pellegry, dirigée finement par Günther Leschnik délivre dans la plus grande sobriété cette confession intime de celle qui n'arrêtait pas de "rêver sa vie". Adolescente muette, elle aura beaucoup appris du silence et de l'ennui.
C'est ce jeu plein de sincérité, sans une once d'effet superflu qui donne toute son émotion à ce portrait bouleversant d'où affleure une insondable nostalgie. D'une petite boîte à souvenirs jaillissent finalement des images en noir et blanc de ses plus marquantes chorégraphies.C'est court mais terriblement poignant.
Avec générosité, la comédienne traduit remarquablement la sensibilité de la chorégraphe allemande qui ne pouvait s'empêcher d'avancer toujours, poursuivant sans jamais l'atteindre son rêve d'enfance de toucher l'amour en faisant danser ses rêves.
Un magnifique spectacle, intime et élégant sur une artiste ô combien singulière, écorchée vive, infiniment vivante et lumineuse. |