Il y a deux ans, les éditions Buchet-Chastel nous donnaient l’occasion de découvrir le premier roman d’un auteur en devenir avec la publication de K.O., ouvrage qui fut porté par les libraires, lui permettant de figurer dans la dernière sélection du prix Révélation 2019. L’ouvrage sort en poche en ce moment dans la collection Libretto. Il s’accompagne aussi d’un second ouvrage de l’auteur, Carnaval, annoncé comme une suite de K.O. même s’il peut se lire indépendamment.
Avec Carnaval, on y retrouve encore plus affirmé le style musical, dansant, polyrythmique de l’auteur et l’on retrouve aussi Sitam, le personnage du précédent roman. Atteint d’une maladie incurable, ce dernier décide de quitter ceux qui partagent son existence. Sitam ne veut pas faire vivre à Capu, celle qui l’aime, sa dégénérescence programmée, d’où sa séparation avec elle. Conscient de son erreur, il cherche à retrouver sa compagne mais les tentatives infructueuses s’enchaînent, l’obligeant à se résigner à mener une vie solitaire.
Alors qu’il semble abandonner tout espoir, la mort d’un de ses anciens copains l’oblige à revenir dans sa banlieue natale. C’est alors pour lui le début d’un voyage qui le replonge dans le passé. Celui d’un passé où ils formaient une bande de copains qui ont grandi dans la déconne, les problèmes d’argent et une soif incroyable d’aventures. En les retrouvant, Sitam mesure l’ampleur de l’attraction qu’exercent sur eux la banlieue et la dureté de l’existence qui s’est imposée à eux. Une confrontation qui le pousse à s’interroger sur ses choix.
Le style est toujours aussi particulier, déroutant parfois mais tellement direct. Les mots qui frappent, bien plus qu’ils ne touchent (et pourtant ils touchent aussi très fortement) sont décidément la marque de fabrique de cet auteur qui arrive toujours à mêler le rire et le désespoir.
Hector Mathis n’est pas là pour ménager son lecteur. Au contraire, il nous bouscule (c’est ce que l’on aime d’ailleurs) en nous confrontant à la bande d’amis totalement déjantés et détraqués de Sitam (d’où le titre du livre Carnaval), de ses compagnons d’infortune, de la précarité dans laquelle ils vivent. Il nous montre les valeurs qu’ils véhiculent, la loyauté et la sincérité qui les rapprochent.
L’ouvrage est aussi un condensé d’espoir, un roman dans lequel la nostalgie est très présente, Sitam nous faisant partager ses remords, ses regrets, les doutes et les rêves qui l’habitent. C’est aussi un grand roman sur l’amitié, un ouvrage bouleversant rempli d’émotions. Une fois encore, la plume poétique, incisive et percutante de l’auteur fait mouche.
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