Réalisé par Pablo Larrain. Chili. Drame. 1h42 (Sortie 2 septembre 2020). Avec Mariana di Girolamo, Gael Garcia Bernal, Paola Giannini, Santiago Cabrera et Cristian Suarez.
Ema danse. Ema est lumineuse. Emma a les cheveux jaunes. Ema exaspère, Ema hypnotise. Ema danse. Ema aime. Ema est intense. Ema a de la suite dans les idées. Ema veut retrouver Polo. Ema va retrouver Polo. Ema est pyromane, Ema est nymphomane et elle danse...
Ema est la nouvelle héroïne de Pablo Larrain . Elle succède à Jackie Kennedy. Pour son retour à la mère patrie, le réalisateur chilien a inventé une fable un peu almovadorienne où tous les personnages seront réunis dans une fin tonique et heureuse, sous le signe de la création et de l'amour.
Ema et son mari Gaston, son chorégraphe, ont adopté Polo parce que Gaston était stérile. Mais les deux artistes ont "raté" leur adoption et ont dû "rendre" Polo après que celui-ci ait congelé le chat et ébouillanté la sœur d'Ema.
Evidemment leur couple bat de l'aile depuis et Ema se sauve en allant danser le reggaeton, une danse de presque science-fiction, mécanique, envoûtante, qu'on croirait sortie en droite ligne de la "messe du temps présent" de Pierre Henry.
"Ema " de Pablo Larrain est une brillante variation sur la danse et la vie contemporaines. Les deux sont intimement liées dans le personnage d'Ema, dans lequel explose, avec la conviction d'une Bette Davis ayant cinquante ans de carrière, Mariana di Girolamo . C'est son premier grand rôle et pas le dernier on peut l'affirmer. Elle a tout pour atteindre les sommets avec un visage impassible qui n'a besoin d'à peine un soupçon de mouvement pour s'exprimer. En plus, elle se tient debout, ferme sur ses appuis, prête à surprendre à chaque instant quand elle s'est décidée à bouger, à danser.
Face à elle, Gael Garcia Bernal paraît, lui, la star internationale rompue à tout, étonné. Ou peut-être joue-t-il les étonnés. Ce qui est sûr, c'est qu'elle le subjugue autant en Ema qu'en Mariana.
A leurs côtés, toute une myriade de personnages se laisse aussi emportée. Les voilà complices de ses virées improbables, de son goût du feu. Dans sa combinaison de bandes dessinées des années cinquante, Ema parcourt la ville avec son lance-flamme et sa bonbonne de kérosène. Elle y trouvera, entre autres, le pompier qui mettra son corps en fusion...
Car "Ema" de Pablo Larrain est un film singulier, jamais à court de surprises et d'étrangetés. Il pourra déconcerter et sembler vain pour certains, alors que d'autres seront envoûtés et suivront sans sourciller les pas toujours assurés d'Ema dans la ville.
Pour eux, la chose est claire : Ema a la grâce et elle donne la pêche à ceux qui n'hésiteront pas à la suivre là où elle sait qu'elle doit aller. Ema danse.
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