Tragédie de Jean Racine, mise en scène de Stéphane Braunschweig, avec en alternance Sharif Andoura, Jean-Baptiste Anoumo, Suzanne Aubert, Astrid Bay, Anne Cantineau, Virginie Colemyn, Cécile Coustillac, Claude Duparfait, Ada Harb, Glenn Marausse, Thierry Paret Pierric Plathier, Lamya Regragui Muzio, Chloé Réjon, Jean-Philippe Vidal, Clémentine Vignais et Thibault Vinçon.
Stéphane Braunschweig présente "Iphigénie", une des grandes pièces mythologiques de Racine inspirée d'une tragédie antique, "Iphigénie en Tauride" d'Epidaure, dans laquelle il voit une résonance situationnelle entre l'embarquement empêché de la flotte grecque en partance pour la fameuse Guerre de Troie et la sidération du monde contemporain pendant la pandémie du coronavirus et philosophique sur le sacrifice nécessaire pour éviter une apocalypse impliquant une réflexion sur les valeurs civilisationnelles. Pour lever une sentence déique, le roi Agamemnon, le Roi des rois grecs, doit satisfaire à une exigence personnelle, le sacrifice de sa fille, qui le confronte à un drastique dilemme entre les devoirs de sa charge politique et les liens du sang, la raison d'Etat et l'amour paternel, le sort d'un peuple et celui de son enfant. Comme Epidaure, Racine dénoue l'impasse réaglienne et clôt l'intrigue par un "coup de théâtre" non par le sacrifice d'une biche tel dans la légende mais par celui d'un personnage surnuméraire, Eriphile, avatar négatif d'Iphigénie voué à un destin fatal par sa naissance illégitime. Concepteur de la scénographie, Stéphane Braunschweig opte pour un dispositif bifrontal avec, en décor en double fond de scène, des images d'une mer étale, et un espace scénique transversal sur lequel interviennent des comédiens en capacité de restituer le vers racinien et de porter, de manière crédible, des caractères empreints de valeurs, l'honneur et la gloire, aujourd'hui disparues à la faveur, en l'espèce, d'un jeu dans lequel les passions et les émotions submergent, de manière démonstrative, les prinicpaux protagonistes. A la faveur d'une distribution en alternance, seize interprètes pour dix rôles, et de la rigoureuse direction d'acteur de Stéphane Braunschweig, le spectateur pourra notamment apprécier Claude Duparfait en roi et père accablé par la nécessaire obéissance à une loi supérieure, Anne Cantineau en mère éplorée, et Chloé Rajon dans la partition d'Eriphile affligée par sa quête identitaire et un amour transi pour le bouillonnant Achille promis à la vertueuse Iphigénie campés par Pierric Plathier et Cécile Coustillac. |