"Le labyrinthe", dit la pianiste franco-géorgienne dans son disque, est "notre destin et notre création ; notre impasse et notre délivrance ; la polyphonie de la vie, des sens, des rêves réveillés et du présent négligé; tournures inattendues et attendues du dit ou du non-dit... Le labyrinthe de notre esprit."

Cela faisait deux ans que Khatia Buniatishvili préparait ce nouvel album. Mais le processus de travail fait pendant le confinement donne une valeur particulière à cette musique. Le choix des titres nous plonge au coeur des émotions de l’artiste, une sorte de parcours de vie. Elle fait cohabiter dans ce disque des compositeurs de toutes époques comme Jean-Sébastien Bach, Franz Liszt ou Philip Glass. Elle nous plonge à chaque fois dans une atmosphère tantôt mélancolique, tantôt amoureuse, tantôt silencieuse.

Khatia Buniatishvili débute ce parcours tout en douceur avec un pièce d’Ennio Morricone "Deborah’s thème", tiré du film Il était une fois en Amérique, musique qu’elle qualifie de "très personnelle et en même temps universelle". Un bel hommage pour le compositeur qui nous a quittés en juillet. Suivent des pièces plus connues comme la 1ère Gymnopédie de Satie ou le Prélude n°4 de Chopin. A côté de cela, elle nous propose des oeuvres moins jouées comme l’Etude n°5 "Arc-en-ciel" de György Ligeti ou une transcription de "La Javanaise", hommage à Juliette Gréco.

Elle invite sa soeur Gvantsa à interpréter avec elle des extraits des célèbres Suites pour orchestre n° 2 et 3 de Jean-Sébastien Bach, dans une transcription pour piano à quatre mains ou encore le très surprenant Pari Intervalo d’Arvo Pärt.

Cet album se termine par 4’33’’ de John Cage, 4 minutes et 33 secondes de silence suivi du célèbre Adagio de Jean-Sébastien Bach inspiré du concerto pour hautbois d’Alessandro Marcello.

Véritable labyrinthe présentant divers chemins que l’on peut s’approprier sans peine, le tout joué avec la grâce, la passion et la maîtrise parfaite de Khatia Buniatishvili, je recommande vivement cet album dont l’interprétation et le choix varié des oeuvres nous fait passer un très agréable moment.