Le Musée des Arts Décoratifs propose sous le titre "Luxes" une exposition ambitieuse dont la finalité annoncée par les commissaires Olivier Gabet et Chloé Picot, respectivement directeur et conservatrice au Département moderne et contemporain en ce lieu, est d'"appréhender la notion de luxe dans le plus large spectre possible, celui de toutes les époques et de toutes les civilisations en apportant un point de vue anthropologique et culturel".
A cet effet, ils ont opté pour un parcours chrono-thématique qui, du luxe des origines, celui des civiliations antiques, aux industries du luxe contemporain, constitue un hommage aux créateurs mais également au savoir-faire des artisans et aux métiers d'art.
Et cette monstration d'assemblage embrasse non seulement les arts décoratifs au sens strict du terme visant les productions ornementales mais également la décoration d'intérieur, comme le mobilier et l'ameublement. la joaillerie, la mode et même la production automobile.
Le Luxe des luxes
La déambulation codifiée opère dans le vaste cadre spatio-temporel de l'histoire des civilisations, d'un vase de la civilisation mésopotamienne à la Collection Croisière 2020 de Dior mise en résonance avec des objets d'arts premiers.
Et elle réserve des surprises telle la salle illustrant le "Luxe du savoir" avec des instruments d'astronomie, de calcul et de navigation érigés en sculptures précieuses.
Le visiteur découvre le goût français dans toute sa splendeur et un art de vivre qui évolue du foisonnement décoratif du style Rococo avec la vogue de la Chine de des ornemanistes à l'épure.
A l'opulence du luxe parfois ostentatoire succède le minimalisme géométrique de l'Art déco et le "Luxe du rien" des Années folles avec les portes de Jean-Michel Frank, les luminaires signés par Alberto Giacometti et les robes de Coco Chanel, dont les tropismes font l'objet de l'exposition concomitante "Gabrielle Chanel - Manifeste de mode" au Palais Galliera, et Madeleine Vionnet surnommée "la puriste de la mode".
Cette tendance se retrouve chez les créateurs et stylistes contemporains comme Issey Miyake, Helmut Lang et Simon Porte Jacquemus dont les modèles, en contrepoint des créations de désigners - "miroir "Nid" de Hervé Van der Straeten et banc "Fallen Tree" de Benjamin Graindorge - inspirées de l'Arte povera revu à la lumière du luxe, dialoguent avec le drapé antique de Madame Grès.
Le clinquant "bling-bling" a toujours ses adeptes tel le modèle "Magnificient Gold" de la Collection Samsara de la créatrice chinoise Guo Pei qui trône dans la nef centrale
Et l'exposition présente un intérêt particulier et inédit car elle donne accès à deux lieux exceptionnellement ouverts à la visite. D'une part, le Salon des Boiseries avec un échantillonnage de réalisations sur bois.
Les ébénistes sont à l'honneur également avec la porte monumentale du 19ème siècle qui ouvre en ligne de fuite sur un somptueux modèle de voiture de la célèbre marque Hispano-Suiza.
D'autre part, et surtout, avec le Salon 1900 conçu par le décorateur, collectionneur et céramiste Georges Hoentschel.
Celui-ci se compose d'un remarquable ensemble de boiseries et de vitrines en platane sculpté de branches d'églantines provenant du pavillon de l’Union centrale des Arts décoratifs édifié pour l’Exposition universelle de 1900 et élaboré comme un cabinet d’amateur d’objets d’art moderne.
Une visite à enrichir avec celle des collections permanentes du musée dont celles modernes et contemporaines qui ont fait l'objet d'une nouvelle présentation. |