Thibaut Garcia, guitariste Toulousain, a voulu dans ce nouvel album "la rencontre du concerto le plus célèbre du répertoire pour guitare et d’un bijou inexplicablement oublié". Il est accompagné par l’orchestre du capitole de Toulouse avec lequel il avait fait ses premiers pas de concertiste en 2016.

Un fil subtil lie les oeuvres et les auteurs présentés dans ce programme. Les deux oeuvres orchestrales portent un regard moderne sur le passé des deux principales cours des Bourbons : l’espagnole, du Palacio Real, de Aranjuez, et la française, à Versailles, de Robert de Visée. Elles sont toutes deux mises en parallèle avec des pièces pour guitare seule des guitaristes ayant inspiré ces oeuvres.

La deuxième partie du disque est consacrée au Concerto pour guitare et orchestre de chambre d’Alexandre Tansman (1895-1986), compositeur franco-polonais. Cette oeuvre est une succession de huit pièces dans une forme bien connue de la musique de cour française baroque : la suite de danse. Nous y retrouvons quelques danses traditionnelles de l’époque : le menuet, la sarabande, la gavotte ou encore la passacaille et la gigue. C’est une agréable découverte donnant une version moderne de cette forme typique du XVIIe siècle. Pour cette composition, Alexandre Tansman s’est inspiré du compositeur, luthiste et théorbiste baroque, Robert de Visée. C’est d’ailleurs une suite de pièces pour théorbe et luth de ce compositeur, que Thibaut Garcia a transcrit pour guitare, qui est proposé en parallèle de ce concerto : Prélude, Allemande, Courante, Sarabande, Rondeau et Gigue.

La première partie du disque est, quant à elle, consacrée au célèbre Concerto d’Aranjuez pour guitare et orchestre de Joaquin Rodrigo (1901-1999). "J’ai grandi avec ce concerto, c’est même l’une des premières oeuvres pour guitare que j’ai découvert, avant de jouer de la guitare". C’est une oeuvre qui, d’après Thibaut Garcia, "éveille les sens". Cette musique étant tout de même extrêmement connue, il a fallu trouver une interprétation différente. Cette version est magnifique, avec un jeu de l’orchestre vraiment interessant très proche du son de la guitare et un équilibre parfait avec le soliste. Le deuxième mouvement est présenté par Thibaut Garcia comme "juste sublime, l’une des plus belles pages à mes yeux, de musique jamais écrite, avec un côté discussion avec l’orchestre et la guitare qui est super". C’est vraiment le cas dans l’interprétation du guitariste qui est sobre, juste et très efficace.

Ce concerto a été écrit en 1939 pour le guitariste Regino Sainz de la Maza. C’est tout naturellement que Thibaud Garcia lui rend hommage en proposant, en parallèle du concerto, quatre de ses compositions, inspirées de la musique populaire espagnole, musique énergique et entraînante.

J’ai beaucoup apprécié l’écoute de cet album, même s’il aurait été plus agréable de terminer par le concerto d’Alexandre Tansman, plus énergique que les pièces de Robert de Visée. Quoi qu’il en soit, c’est une très bonne découverte pour moi, qui habituellement écoute peu de musique pour guitare. Les amoureux de cet instrument vont être conquis.