"I, I will be king
And you, you will be queen
Though nothing will drive them away
We can be heroes just for one day
We can be us just for one day"
David Bowie

Après un premier disque English Delight, paru chez La Dolce Volta et célébré unanimement par la presse et le public, le jeune altiste français Adrien La Marca revient avec un nouvel album. Le programme de ce Heroes s’est construit autour du concerto pour alto et orchestre de William Walton, une œuvre avec une réelle force épique, narrative, cinématographique (avec la thématique du héros et son destin). Et c’est cette force, ces forces, qui traversent tout le disque, que cela soit On The Reel de Gwenaël Mario Grisi ou Roméo et Juliette de Prokofiev ici dans une version inédite.

Moins célèbre et resté dans l’ombre de Britten, William Walton n’en reste pas moins un compositeur intéressant, moderne mais attaché aux formes classiques, influencé par Elgar, Stravinsky ou Hindemith, avec cet esprit musical très anglais. Son écriture trouve un de ses sommets et son affirmation dans son concerto pour alto composé en 1929, créé par Paul Hindemith, en remplacement du célèbre Lionel Tertis initialement prévu mais l’ayant refusé le jugeant trop moderne... Les contrastes y sont omniprésents comme l’introspection, une dimension mélodique, noble et héroïque.

L’interprétation de La Marca est aussi intense que celle de Lawrence Power avec le BBC Scottish Symphony Orchestra sous la direction d’Ilan Volkov. C’est dire le niveau d’excellence...

On The Reel du compositeur belge Gwenaël Mario Grisi est une pièce très cinématographique. On ne nomme pas une œuvre : sur la bobine innocemment... et le jeune compositeur belge est très attiré par la musique de film créant un pont entre des influences allant de John Williams, Richard Strauss à Gustav Mahler. On The Reel serait comme une musique à programme pas si éloignée que cela d’Harold en Italie de Berlioz. Son style ne cesse de s’affiner et de s’affirmer, avec cette constante volonté de raconter une histoire musicale, avec une trame narrative et naturellement de grandes lignes mélodiques.

La version de Roméo et Juliette de Prokofiev a comme point de départ celle de Borisovsky pour alto et piano avec une retranscription pour orchestre de Jean-Pierre Haeck.

La virtuosité d’Adrien La Marca, son sens du phrasé, sa musicalité, sa riche palette d’expressions, le timbre de l’alto, sa rondeur se marient parfaitement à ces tempéraments.

Passions, déchainements, exaltations, affections, intériorisation, ce disque est absolument exaltant !