Comédie dyptopique d’Alistair McDowall, mise en scène du Collectif O'SO, avec Roxane Brumachon (en alternance Prune Ventura), Bess Davies, Mathieu Ehrhard, Baptiste Girard et Tom Linton.
En 2019, le Collectif OS'O présentait "Pavillon noir". On avait apprécié non seulement leur travail, mais signalé qu'ils savaient s'emparer de sujets futuristes, rarement traités sur des scènes de théâtre. Deux ans après, les mêmes protagonistes (Roxane Brumachon, Bess Davies, Matthieu, Ehrhard, Baptiste Girard et Tom Linton) continuent leur exploration de la modernité dans une voie futuriste, en adaptant un texte du jeune dramaturge britannique Alistair McDowall, "X", traduit par le dramaturge Vanasay Khamphommala. D'emblée, dès le levée de rideau, on est saisi par la scénographe d'Hélène Jourdan, qui a imaginé l'intérieur d'un vaisseau spatial qui occupe tout l'espace du plateau. On est littéralement épaté par cette structure monumentale bleu foncée avec plusieurs lieux de vie possibles, des ouvertures ingénieuses pour les entrées et les sorties. Pour les cinq acteurs, pas besoin de surjouer les situations : on croit tout de suite qu'ils sont dans l'espace et l'on accepte comme une évidence leurs préoccupations. Car il ne va pas s'agir d'explorer l'infini, de discuter sur le sens de l'univers et s'interroger sur l'avenir de l'homme dans une épopée de science-fiction. Non, quand commence "X", le vaisseau est bloqué dans l'espace intersidéral depuis un certain temps. La Terre ne répond plus à leurs messages et est incapable de les faire partir ou revenir. Très vite, les explorateurs comme les spectateurs ont compris qu'il n'y a peut-être plus de Terre. Le quintet de terriens, coincé aux confins de la galaxie, est sans doute ce qu'il reste de toute l'humanité. Dès lors, ce huis clos devient tragique. On sait que chacun leur tour, les uns après les autres, les survivants vont devenir fous, se suicider ou s'entretuer.La pièce pourrait devenir un remake de "Huis clos", démontrer une nouvelle fois que "L'Enfer, c'est l'autre". Mais l'écriture d'Alistair McDowall n'a pas d'ambition philosophique pas plus que métaphysique. En revanche, il réussit à caractériser chacun des personnages et les acteurs n'en font pas des caricatures. Ils parviennent même à émouvoir, eux qui n'ont plus aucun avenir autre que de choisir entre survivre coûte que coûte ou disparaître avant que cette non-vie devienne une torture. Sans baisse de régime, "X" se renouvelle constamment et réussit même à trouver un rebondissement qui retarde et modifie une fin toute tracée. Plus abouti que "Pavillon Noir", "X" est une nouvelle réussite du "Collectif OS'O", qui sait choisir ses textes, les mettre en scène et les interpréter sans fausse note. On attend la suite avec confiance et impatience. |