Oh qu’il sanglote cet instrument, qu’elles se languissent ces cordes larmoyantes ! 17f est le projet de Frédéric Merk, musicien et producteur de l’autre pays du fromage, la Suisse. Cet album est le cinquième de l’artiste qui partage son temps entre les accompagnements à la guitare, l’organisation de concerts, la production et le re-mixage.

Avenue des Falquières raconte des histoires de gens qui mangent des couteaux et qui courent comme ils s’enfuient, des soupirs, des voix éteintes et des regards lointains. Oui c’est mélancolique, et pas qu’à peine.

Les dix titres portent la solitude d’un enfermement imposé, et les incertitudes de ce qui est réellement nécessaire ou inutile. Ils sont le désespoir de l’assignation de ce sinistre qualificatif de non essentiel aux bâtisseurs de mondes.

Les guitares tintent comme les pendules de salons quand les claviers égarent leurs notes dans des brumes lointaines. L’heure est grave, l’ambiance pesante, l’album exalte la noirceur en la vision panoramique d’un carnage assenti. Avenue des Falquières est un drame.

"J’ai finalement commencé à m’approprier ce disque et à l’aimer, avec le sentiment d’avoir navigué seul dans le brouillard et d’être arrivé sur une terre nouvelle, rugueuse et inhospitalière. Pourtant, je m’y sens extrêmement bien."

Frédéric Merk l’annonce lui-même, la création fut tortueuse, non seulement pour ne pas refaire ce qu’il avait déjà fait, mais pour sortir de ses sentiers et proposer un nouveau paysage, une atmosphère propice à la contemplation, une pause pour invoquer quelques souvenirs éthérés.

Que ce soit la fin des temps ou la perte de l’innocence, il restera toujours la naïveté, cette sorte d’optimisme qui fait lever les yeux à chaque rayon de soleil. C’est avec ce paradoxe que se construit la musique de 17f, sur l’écran noir de certaines nuits blanches. On se délecte de cette sombritude assumée.