Un goupil furète dans les sapins, à la recherche de son prochain repas, et puis il s’arrête, dresse l’oreille, attentif, je croise son regard juste avant qu’il ne déguerpisse, d’une agilité liquide presque irréelle. Et si on sauvait la planète, propose Tue-Loup ?

Tue-Loup est le nom d’un village, c’est aussi le nom du groupe de Xavier Plumas et de ses compatriotes de la campagne sarthoise : Thierry Plouze, Eric Doboka et Alexandre Berton. La peau des arbres est leur dernière pépite, entre ciel et terre, de la nature comme on n’en fait plus.

Si l’album avait été baptisé "croûte de pin", il n’aurait pas reflété la poésie de l’envol, ce vrombissement de plumages quand les cœurs ne touchent plus terre. Il n’aurait pas retenti de ces imperceptibles frissons qui font se mouvoir les corps emportés par un air aguicheur, sorte de folk du petit matin.

Si l’album avait été malencontreusement hérité du sobriquet "écorce de conifère", il n’aurait pas mesuré l’amplitude de la folie douce qui habite ces contemplatifs au regard lointain. Il n’aurait pas résonné de ces basses scintillantes à la surface des nappes de guitares.

La peau des arbres est une riche et délicieuse balade à travers ce que la préhistoire nous a laissé de meilleur : ce petit côté nomade un peu sauvage, ce besoin irrationnel de grands espaces et de connexion avec quelque chose de plus grand que nous. Loin des injonctions commerciales selon laquelle manger des graines du bout du monde nous reconnecterait avec notre nature, Tue-Loup emmène dans des contrées où l’harmonie est une évidence et la sincérité simple.

Des accords qui font se sentir vulnérable, sans vague à l’âme et avec la grâce d’un palmipède en plein vol. "C’est pour tous ces beaux jours qui courent à mon secours".