Emmanuel Tugny s’est lancé dans un hommage à la poésie sous forme de tryptique. Troisième volet de ses odes, c’est accompagné de John Greaves qu’il compose Molécules fidèles.

En immersion dans la poésie de Théophile Gautier, poète romantique aux épanchements lyriques, moins débauché que Baudelaire (son pote de beuveries) et moins romanesque que Balzac (son pote de coucheries), il a laissé nombre de poèmes et d’écrits. C’est d’Emaux et camées dont il est question.

"Ravivant les langueurs nacrées De tes yeux battus et vainqueurs, En mèches de parfum lustrées Se courbent deux accroche-cœurs" ("Les accroche-cœurs")

Emmanuel Tugny et John Greves déclament tour à tour les secrètes sirènes et les fantômes, les mers de douleur et les pesants bagages. Gourmands, ils incarnent la voix du poète séducteur. A de longues et lentes plages contemplatives se succèdent les mots comme une manière de planter le décor avant d’y installer les personnages.

"Oh ! je me sens l'âme navrée ; L'Océan gonfle, en soupirant, Sa poitrine désespérée, Comme un ami qui me comprend" ("Tristesse en mer")

Et quels décors ! Entre percussions synthétiques et mélodies électroniques, un peu de jazz, un peu de swing, de la musique racée et dandy, une chaste retenue enveloppe les titres d’une brume iridescente, sorte de brouillard intemporel qui ferait traverser les siècles. Parce que c’est bien de ça dont il est question, la poésie de Théophile Gautier reste contemporaine.

"Tandis qu'à leurs œuvres perverses, Les hommes courent haletants, Mars qui rit malgré les averses, Prépare en secret le printemps." ("Emaux et Camées")

Il y a des sculptures en marbre blanc entre ses lignes et des Aphrodite dans ses notes, Emmanuel Tugny et John Greaves dépoussièrent le genre et subliment les mots de Théophile Gautier.