Qu’on le veuille ou non, l’Antiquité est une période historique passionnante et fascinante. Passionnante car elle traite d’anciennes civilisations brillantes dans de nombreux domaines et fascinante car au final, malgré leur ancienneté, elles restent encore beaucoup d’actualité.

L’ouvrage qui vient de sortir aux éditions Passés Composés écrit par François Lefèvre, agrégé de lettres classiques et ancien membre de l’école française d’Athènes, professeur d’histoire grecque à la Sorbonne est là pour nous montrer que l’Antiquité est encore très souvent d’actualité.

Dans Histoire antique, histoire ancienne ?, l’auteur nous propose des courts chapitres qui montrent la proximité qui existe entre les civilisations grecque et romaine et la nôtre. On voit parfaitement que nos problèmes les plus contemporains furent également les leurs. On comprend très vite que ce qui peut nous apparaître comme l’enfer de la modernité n’est en fait qu’une forme de répétition de l’antiquité classique.

On découvre que Donald Trump n’est pas l’inventeur des fake news, mais que l’ancien Thémistocle ou Philippe II de Macédoine y ont eu recours bien avant lui, en digne héritier d’Ulysse. Sans vouloir chercher à se consoler du drame qui a touche Notre Dame, on peut aussi se souvenir qu’un autre lieu de culte illustre, me temple d’Apollon à Delphes, périt dans les flammes et provoqua aussi un émoi considérable. Et en même temps, on verra aussi qu’à Delphes siégeait, bien avant l’ONU, une instance supranationale, l’amphictionie, méconnue d’un très grand nombre aujourd’hui.

Très accessible au niveau de la lecture, l’ouvrage de François Lefèvre est constitué de deux parties, l’une comprenant 21 chapitres nous montrant que l’histoire antique est encore d’actualité et une seconde partie qui recontextualise clairement l’histoire antique grecque et romaine. L’auteur nous propose de survoler 2000 ans d’histoire grecque et romaine et il faut bien avouer que c’est un très beau survol qu’il nous confie.

L’ouvrage s’ouvre donc sur l’incendie à Delphes en 548 avant JC, revient sur l’insalubrité de certains bâtiments marseillais et sur leur effondrement récent tout comme il nous parle de l’effondrement du pont de Gênes, nous rappelant que de tels catastrophes ou désastres se sont aussi déroulés à Rome durant l’Antiquité. Le chapitre sur les profs m’a beaucoup intéressé, évidemment du fait de ma profession, montrant que le fait qu’ils soient maltraités ne datent pas d’hier. Les chapitres sur les déserts médicaux, la condition étudiante et l’ingérence sont particulièrement intéressants, ceux sur les manifestations et le poids de la rue dans la gouvernance aussi. Les privilèges, les régimes spéciaux, le maillage administratif, tous ces sujets de société aujourd’hui existaient déjà jadis sans qu’on le sache vraiment.

Je trouve donc l’idée géniale que celle de nous proposer ce type d’ouvrage qui, au final, a un petit côté ludique (certaines pages nous font sourire) tout en étant très instructif. Il est judicieux de porter à notre connaissance tous ces liens existants entre notre époque et l’Antiquité, pour se rendre compte que malgré le temps, certaines choses au final n’évoluent que très peu.

A travers ces exemples riches en anecdotes, curiosités et révélations, l’auteur fait revivre d’une plume alerte le monde antique et nous invite à réfléchir sur le nôtre, tant il est vrai que le passé, fut-il aussi reculé, éclaire le présent.